dimanche 4 avril 2010

Thérèse d'Avila Vie 11, extraits


Thérèse d’Avila, Vie 11, extraits

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie

Heureux celui qui donne tout!

Parlons maintenant de ceux qui commencent à être les esclaves de l'amour; car, selon moi, c'est être esclave de l'amour que de se déterminer à suivre par ce chemin de l'oraison Celui qui nous a tant aimés…
Mais il nous semble lui avoir fait un entier abandon lorsque, nous réservant la propriété et le capital, nous lui offrons les fruits ou les revenus. Nous nous sommes dévoués à la pauvreté et c'est un acte très méritoire; mais souvent nous nous jetons de nouveau dans des soins et des empressements, pour ne manquer ni du nécessaire ni du superflu...
Plaisante manière, en vérité, de chercher l'amour de Dieu!

Ainsi, c'est parce que nous ne faisons pas à Dieu le don total et absolu de nous-mêmes, qu'il ne nous donne pas tout d'un coup le trésor d'un parfait amour. Plaise au Seigneur de nous le départir goutte à goutte, dût-il nous en coûter tous les travaux du monde!
Mais si celui qui commence fait, avec l'aide de Dieu, de persévérants efforts pour s'élever au sommet de la perfection, jamais, à mon avis, il ne va seul au ciel. Il y mène après lui une troupe nombreuse; comme à un vaillant capitaine, Dieu lui donne des soldats qui marchent sous sa conduite…

Les quatre degrés de l'oraison

Celui qui veut s'adonner à l'oraison doit se
figurer qu'il entreprend de faire, dans un sol ingrat et couvert de ronces, un jardin dont la beauté charme les yeux du Seigneur.





C'est le divin Maître lui-même qui arrache les mauvaises herbes et doit planter les bonnes. Or, nous supposons cela fait, quand une âme est résolue de se livrer à l'oraison, et que déjà elle s'y exerce. C'est maintenant à nous, comme bons jardiniers, de travailler, avec le secours de Dieu, à faire croître ces plantes…

Il y a, ce me semble, quatre manières d'arroser un jardin:

la première, en tirant de l'eau d'un puits à force de bras, et c'est là un rude travail;
la seconde, en la tirant à l'aide d'une noria, et l'on obtient ainsi, avec moins de fatigue, une plus grande quantité d'eau, comme j'en ai moi-même quelquefois fait l'épreuve;
la troisième, en faisant venir l'eau d'une rivière ou d'un ruisseau; cette manière l'emporte de beaucoup sur les précédentes: le sol est plus profondément humecté, il n'est pas nécessaire d'arroser si souvent, et le jardinier a beaucoup moins de fatigue;
la quatrième enfin, et sans comparaison la meilleure de toutes, est une pluie abondante, Dieu lui-même se chargeant alors d'arroser sans la moindre fatigue de notre part.

Premier degré

Pour les commençants, l'oraison, nous pouvons le dire, c'est tirer péniblement de l'eau du puits; il leur en coûte, en effet, de recueillir leurs sens... Ils doivent alors rester dans la solitude, éloignés de tout ce qui peut les distraire, et réfléchir à leur vie passée…La vie de Jésus-Christ doit être le sujet habituel de leurs méditations, et un pareil exercice n'est pas sans fatigue pour l'esprit.

Embrasser la Croix

Mais que fera celui qui pendant bien des jours ne trouve qu'aridité, dégoût, ennui, profonde répugnance à venir puiser? Il est tenté de tout abandonner. Une pensée l'arrête: il fait plaisir et rend service au maître du jardin…
Le devoir du disciple est d'aider le divin Maître à porter cette croix dont il fut chargé toute sa vie. Sans chercher ici-bas son royaume, et sans jamais abandonner l'oraison, il acceptera, même jusqu'au dernier soupir, cette désolante aridité, et il ne laissera point Jésus-Christ tomber sous le fardeau de la, croix, Un temps viendra où cet adorable Sauveur le récompensera de tout; il n'a pas à craindre de perdre le fruit de son travail…Oui, une seule de ces heures où le Seigneur m'a fait goûter sa douceur, m'a surabondamment payée de toutes les angoisses que j'ai si longtemps souffertes pour persévérer dans l'oraison.
Dès qu'on voit en soi une pareille détermination, l'on n'a rien à craindre…

Qu'on le sache bien, le véritable amour de Dieu ne consiste pas à répandre des larmes, ni dans ces douceurs et cette tendresse que nous désirons d'ordinaire, parce qu'elles nous consolent, mais à servir le Seigneur dans la justice, avec force d'âme et humilité…

Son joug est doux, et il est souverainement important de ne pas mener l'âme par force, comme on dit, mais de la conduire avec douceur, pour son plus grand avancement.

Une fois dans la carrière de l'oraison, que nul ne se tourmente ni ne s'attriste des sécheresses, des inquiétudes, de l'égarement des pensées. S'il veut gagner la liberté d'esprit et ne pas vivre dans une tribulation continuelle, qu'il commence par ne pas avoir peur de la croix. Dès lors, Notre-Seigneur l'aidera à la porter, la joie régnera dans son âme, et tout tournera à son profit spirituel. Il est évident, parce que j’ai dit, que quand le puits est à sec, il n'est pas en notre pouvoir de faire jaillir la source. Mais il est de notre devoir de veiller pour puiser de l'eau, dès qu'il y en aura…

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre11 de sa Vie en cliquant ici

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