mardi 21 septembre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 28, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 28, extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie


Je reviens à mon sujet. Cette vision, qui me faisait sentir Notre Seigneur à côté de moi, fut presque continuelle durant quelques jours. J'en retirais un très grand profit; je ne sortais pas d'oraison, et je tâchais dans toutes mes actions de ne pas déplaire à Celui que je voyais clairement en être témoin. A la vérité, je craignais de temps en temps d'être trompée, à cause de tout ce qu'on me disait; mais cette crainte ne durait guère, parce que Notre Seigneur me rassurait…
Le jour de la fête de saint Paul, pendant la messe, Jésus-Christ daigna m'apparaître dans toute sa très sainte humanité, tel qu'on le peint ressuscité, avec une beauté et une majesté ineffables
Je n'ai jamais vu des yeux du corps ni cette vision, quoique imaginaire, ni aucune autre, mais seulement des yeux de l'âme…
quand bien même je me serais efforcée durant des années entières de me figurer une telle beauté, jamais je n'aurais pu en venir à bout, tant sa seule blancheur et son éclat surpassent tout ce que l'on peut imaginer ici-bas. C'est un éclat qui n'éblouit point; c'est une blancheur suave; c'est une splendeur infuse qui cause à la vue un indicible plaisir, sans ombre de fatigue; c'est une clarté qui rend l'âme capable de voir cette beauté si divine; c'est une lumière infiniment différente de celle d'ici-bas, et auprès d'elle les rayons du soleil perdent tellement leur lustre, qu'on voudrait ne plus ouvrir les yeux.

Il y a la même différence entre ces deux lumières qu'entre une eau très limpide, qui coulerait sur le cristal et dans laquelle se réfléchirait le soleil, et une eau très trouble qui, par un ciel tout à fait sombre, coulerait sur la surface de la terre…Cette lumière est comme un jour sans nuit, toujours lumineux, sans que rien soit capable de l'obscurcir. Enfin, elle est telle que l'esprit le plus pénétrant, même après les efforts d'une longue vie, ne pourrait jamais s'en former une idée. Dieu la montre si soudainement, que, si pour la voir il fallait seulement ouvrir les yeux, on n'en aurait pas le loisir. Mais il n'importe qu'ils soient ouverts ou fermés. Quand Notre Seigneur le veut, malgré nous cette lumière se voit; et il n'y a ni distraction, ni résistance, ni industrie, ni soin, qui l'empêchent d'arriver jusqu'à nous….

Je n'ai pas voulu faire une comparaison, car les comparaisons ne sont jamais justes en tout; c'est une vérité certaine, qu'il y a autant de différence entre cette image et les portraits faits de main d'homme, qu'entre une personne vivante et ses traits peints sur la toile, ni plus ni moins. En effet, si ce qui se présente à l'âme est une image, c'est une image vivante; ce n'est pas un homme mort, mais Jésus-Christ vivant qui se fait reconnaître comme Dieu et homme tout ensemble, non comme il était dans le sépulcre mais tel qu'il en sortit le jour de la Résurrection.


Quelquefois il se montre avec une si grande majesté, qu'il est impossible de douter que ce ne soit le Seigneur lui-même. Le plus souvent, cela arrive de la sorte après la communion, moment où d'ailleurs la foi nous assure qu’il est présent. Il se montre tellement maître de l’âme, qu'elle en est comme anéantie, et se sent consumer tout entière en son Dieu.

O mon Jésus! qui pourrait faire comprendre cette majesté avec laquelle vous vous montrez, et combien vous apparaissez alors Seigneur de la terre et des cieux, et même de mille autres mondes, de mondes et de cieux sans nombre, que vous pourriez créer!..
L'âme, après cette vision, se voit, changée; elle est toujours dans l'ivresse; elle sent un nouvel amour de Dieu…
Mais l'imagination ne pourrait-elle pas se représenter ainsi la personne de Notre Seigneur? Non, cela est de toute impossibilité. Car la seule beauté et la seule blancheur d'une des mains de Jésus-Christ surpassent infiniment tout ce que nous saurions nous figurer. Et puis, comment pourrions-nous nous représenter en un instant des choses qui jamais n'ont été dans notre pensée, et que l'imagination, après de longs efforts, ne pourrait même concevoir, tant elles sont élevées au-dessus de tout ce que nous pouvons comprendre ici-bas? Cela n'est assurément pas possible. Admettons cependant que l'imagination puisse, jusqu'à un certain point, se représenter Notre Seigneur. Outre que cela ne produirait aucun de ces grands effets dont j'ai parlé, l'âme ne ferait qu'y perdre…L'âme en demeurerait affaiblie; au lieu de nourriture et de forces, elle n'y trouverait que lassitude et dégoût: tandis que la vraie vision lui apporte à la fois d'inexprimables richesses spirituelles, et un admirable renouvellement des forces du corps...
tous ceux qui me connaissaient voyaient manifestement que j'étais changée; mon confesseur l'attestait; ce changement si sensible en toutes choses, loin d'être caché, était d'une clarté frappante pour tout le monde. Pour moi qui jusque-là avais été si imparfaite, il m'était impossible de croire que si ces effets venaient du démon, il se servit, pour me tromper et me conduire en enfer, d'un moyen aussi contraire à ses intérêts que serait celui de déraciner mes vices, et de me donner en échange des vertus et du courage; car je voyais clairement qu'une seule de ces visions suffisait pour m'enrichir de tous ces biens.

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