vendredi 15 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 32, extraits


Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 32, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.

Un jour, étant en oraison, je me trouvai en un instant, sans savoir de quelle manière, transportée dans l'enfer. Je compris que Dieu voulait me faire voir la place que les démons m'y avaient préparée, et que j'avais méritée par mes péchés. Cela dura très peu; mais quand je vivrais encore de longues années, il me serait impossible d'en perdre le souvenir.
L'entrée de ce lieu de tourments me parut semblable à une de ces petites rues très longues et étroites, ou, pour mieux dire, à un four extrêmement bas, obscur, resserré. Le sol me semblait être une eau fangeuse, très sale, d'une odeur pestilentielle, et remplie de reptiles venimeux… Je sentis dans mon âme un feu dont, faute de termes, je ne puis décrire la nature, et mon corps était en même temps en proie à d'intolérables douleurs… Mais ces tortures du corps ne sont rien à leur tour auprès de l'agonie de l'âme. C'est une étreinte une angoisse, une douleur si sensible, c'est en même temps une si désespérée et si amère tristesse, que j'essaierais en vain de les dépeindre…je me sentais brûler et comme hacher en mille morceaux: je ne crains pas de le dire, le supplice des supplices, c'est ce feu intérieur et ce désespoir de l'âme.
Toute espérance de consolation est éteinte dans ce pestilentiel séjour… Là, tout vous étouffe; point de lumière; ce ne sont que ténèbres épaisses…
J'ignore la manière dont cela se passa, mais je compris bien que c'était une grâce insigne, et que le Seigneur avait voulu me faire voir, de mes propres yeux, de quel supplice sa miséricorde m'avait délivrée…
Cette vision a fait naître en moi une indicible douleur à la vue de tant d'âmes qui se perdent, et en particulier de ces luthériens que le baptême avait rendus membres de l'Église. Elle m'a donné en outre les plus ardents désirs de travailler à leur salut: pour arracher une âme à de si horribles supplices, je le sens, je serais prête à immoler mille fois ma vie…
Je puise encore là un désir non moins ardent: c'est que l'affaire si importante de notre propre salut nous occupe tout entiers. Non, point de réserve: faisons tout ce qui dépend de nous, et ne cessons de demander à cette fin le secours de la grâce…

Cette vision et d'autres grands secrets qu'il plut au Seigneur de me découvrir, relativement à la félicité future des justes et aux peines des méchants, me faisaient soupirer après un genre de vie où je pusse faire pénitence de mes péchés, et me rendre tant soit peu digne de cette gloire du ciel qui m'avait été montrée. Fuir tout commerce avec les créatures, et me séparer entièrement du monde, étaient mon unique vœu. Cette pensée occupait sans cesse mon esprit; mais loin de le troubler, elle y versait une paix délicieuse: il était manifeste qu'elle venait de Dieu, et que sa divine Majesté donnait à mon âme cette nouvelle chaleur pour digérer une nourriture plus forte que celle dont elle s'était nourrie jusque-là. Recherchant donc ce que je pourrais faire pour sa gloire, il me sembla que je devais commencer par satisfaire aux devoirs de ma vocation, en gardant ma règle avec la plus parfaite fidélité dont je serais capable…
Je m'entretenais une fois avec quelques personnes, lorsqu'une d'entre elles nous dit que si nous étions déterminées à vivre comme les religieuses déchaussées, il serait possible de fonder un monastère…
Un jour, au moment où je venais de communier, Notre Seigneur me commanda expressément de m'employer de toutes mes forces à l'établissement de ce monastère, me donnant la formelle assurance qu’il réussirait, et que la ferveur avec laquelle il y serait servi lui procurerait beaucoup de gloire.
Il voulait qu'il fût dédié sous le nom de saint Joseph; ce saint veillerait à notre garde à l'une des portes, et la très sainte Vierge à l'autre, tandis que lui, Jésus-Christ, serait au milieu de nous…

Notre projet fut à peine connu dans la ville, qu'il s'éleva contre nous une persécution qui serait bien longue à raconter. Que de mots piquants, que de railleries!...

Dans le temps où personne dans la ville ne voulant nous donner de conseil, on nous accusait de n’en faire qu’à notre tête, cette dame était allée trouver un religieux de l'ordre de Saint-Dominique, grand serviteur de Dieu et très savant (Père Ibañez). Elle avait informé ce saint homme de toute l'affaire, lui disant ce qu'elle pouvait donner de son patrimoine pour la fondation; elle désirait beaucoup être aidée de ses lumières, car c'était l'homme le plus instruit qui fût alors dans la ville, et bien peu dans son ordre lui étaient supérieurs…ayant examiné l'affaire avec grand soin, considéré notre intention et la régularité que nous voulions établir dans ce nouveau monastère, il était demeuré persuadé que ce dessein était fort agréable à Dieu, et qu'il ne fallait pas y renoncer. Ainsi, il nous répondit que nous devions nous hâter de le mettre à exécution…
Les choses en étaient là, grâce aux prières que l'on faisait pour nous, et nous avions acheté une maison. Elle était dans un site favorable, mais fort petite; c'est de quoi je n'avais nulle peine, parce que Notre Seigneur m'avait dit d'entrer comme je pourrais et que je verrais ensuite ce qu'il saurait faire. Et certes, je l'ai admirablement vu. Aussi, malgré la modicité du revenu, j'avais la ferme conviction que le divin Maître viendrait à notre secours par d'autres voies, et qu'il favoriserait notre entreprise.

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