jeudi 4 novembre 2010

Thérèse d'Avila, Vie 38, extraits



Thérèse d'Avila Vie, Chapitre 38, extraits
Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas de son autobiographie.


Étant un soir retirée dans un oratoire, si indisposée que je voulais me dispenser de faire oraison, je pris mon rosaire pour m'occuper vocalement et sans aucun effort d'esprit. Mais, quand Dieu le veut, que nos industries sont inutiles! Quelques instants à peine s'écoulèrent, et un ravissement vint me saisir avec une impétuosité telle que je ne pus y résister. Il me sembla que j'étais transportée dans le ciel, et les premières personnes que j'y vis furent mon père et ma mère. Dans un très court espace de temps, celui d'un Ave Maria, je découvris de si grandes merveilles que, succombant sous le poids d’une faveur qui me paraissait excessive, je demeurai entièrement hors de moi
Je passai une fois plus d'une heure en cet état, Notre Seigneur se tenant toujours près de moi, et me découvrant des choses admirables. Il me dit: « Vois, ma fille, ce que perdent ceux qui sont contre moi; ne manque pas de le leur dire. »…

Ces lumières ont banni de mon cœur, en très grande partie, une crainte fort vive que j'avais toujours eue de la mort. Mourir me semble maintenant la chose du monde la plus facile pour l'âme fidèle à Dieu, puisque, en un moment, elle se voit libre de sa prison, et introduite dans le repos. Il existe, selon moi, une grande ressemblance entre l'extase et la mort. En effet, l'esprit ravi en Dieu contemple les ineffables merveilles qu'il lui découvre; et l'âme, dès l'instant même où elle est séparée du corps, est mise en possession de ces mêmes biens. Je ne parle point des douleurs de la séparation, dont il faut faire très peu de cas; d'ailleurs, ceux qui auront véritablement aimé Dieu et méprisé les vanités de la terre, doivent mourir avec plus de douceur.
J'appris aussi à connaître quelle est notre véritable patrie, et à regarder cette vie comme un pèlerinage. C'est un grand avantage d'avoir vu ce qui nous est réservé là-haut, et de savoir où nous sommes appelés à habiter. Celui qui doit aller s'établir dans une contrée lointaine trouve un puissant secours, pour supporter les fatigues du voyage, dans la connaissance du pays où il doit mener une vie pleine de repos. L'âme trouve de même, dans la connaissance qu'elle a reçue, une grande facilité pour s'élever à la considération des choses d'en haut, et pour faire en Sorte que sa Conversation soit dans le ciel. Il y a là d'inappréciables avantages. Un seul regard vers le ciel suffit pour la recueillir…
Une veille de la Pentecôte, m'étant retirée après la messe dans un endroit fort solitaire où j'allais prier souvent, je me mis à lire, dans l'ouvrage d'un chartreux, ce qui avait trait à cette fête…
Tandis que j'étais occupée de ces pensées, je fus saisie, sans en connaître la cause, d'un véhément transport…A ce moment, je vis au-dessus de ma tête une colombe bien différente de celles d'ici-bas; car elle n'avait point de plumes, et ses ailes semblaient formées de petites écailles qui jetaient une vive splendeur; elle était aussi plus grande qu'une colombe ordinaire. Il me semble que j'entendais le bruit qu'elle faisait avec ses ailes; elle les agita à peu près l'espace d'un Ave Maria. Mon âme, se perdant alors dans le ravissement, perdit aussi de vue cette divine colombe. L'esprit s'apaisa avec la présence d'un hôte si excellent, tandis que, selon ma manière de voir, une faveur si merveilleuse aurait dû le remplir de trouble et d'effroi. Mais dès que je commençai à jouir, la crainte fit place au repos, et je restai en extase…
Depuis ce jour, je vois en moi un bien plus haut degré d'amour de Dieu, et je me sens beaucoup plus affermie dans la vertu. Bénédiction et louange sans fin à ce Dieu de bonté! Amen…


Tandis que j'étais un soir en oraison, Notre Seigneur commença par m'adresser quelques paroles qui retraçaient à mon souvenir les infidélités de ma vie. Elles me remplirent de confusion et de peine…
Je vis alors la très sainte humanité de Jésus-Christ, dans un excès de gloire où je ne l'avais point encore contemplée. Par une connaissance admirable et lumineuse, elle me fut représentée dans le sein du Père; à la vérité, je ne saurais dire de quelle manière elle y est. Il me parut seulement que, sans la voir, je me trouvais en présence de la Divinité. Mon âme en resta plongée dans un tel étonnement, que je passai, je crois, plusieurs jours sans pouvoir revenir à moi; il me semblait que j'avais sans cesse devant les yeux cette majesté du Fils de Dieu, mais ce n'était pas comme la première fois, je le comprenais bien. Pour brève que soit une si haute vision, elle se grave si profondément dans l'esprit, qu'elle ne saurait s'en effacer de longtemps; j'y trouvai à la fois de grandes consolations et de précieux avantages…
C'est pour l'âme un enseignement admirable, qui élève ses désirs jusqu'à la vérité pure; il imprime en outre un inexprimable respect pour Dieu, fort différent de celui que nous pouvons acquérir par nous-mêmes ici-bas. L'âme ensuite ne peut voir sans effroi qu'elle ait osé offenser une si redoutable Majesté, et que qui que ce soit ait une pareille hardiesse…
On m'annonça la mort d'un religieux qui avait été jadis provincial de cette province, et qui l'était alors d'une autre; j'avais eu des rapports avec lui, et il m'avait rendu de bons offices. Il était, au reste, orné de bien des vertus. Néanmoins cette nouvelle me causa un grand trouble; j'étais inquiète pour le salut de son âme, parce qu'il avait été durant vingt ans supérieur, et je crains toujours beaucoup pour ceux qui ont rempli ces fonctions: avoir charge d'âmes me semble une chose extrêmement périlleuse. Je m'en allai fort triste à un oratoire; là, je conjurai Notre Seigneur d'appliquer à ce religieux le peu de bien que j'avais fait en ma vie, et de suppléer au reste par ses mérites infinis, afin de tirer son âme du purgatoire. Pendant que je demandais cette grâce avec toute la ferveur dont j'étais capable, je vis, à mon côté droit, cette âme sortir du fond de la terre, et monter au ciel avec une grande allégresse

Vous pouvez lire le texte intégral de ce chapitre 38 de sa Vie en cliquant ici

Vous pouvez aussi poster les remarques, réflexions, prières etc... que ce texte suscite en vous, en cliquant sur "commentaires" ci-dessous

Aucun commentaire: