dimanche 13 mars 2011

Thérèse d'Avila Chemin 11, extraits



Thérèse d'Avila,
Chemin de perfection 11,
extraits (Escorial)

Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte pas à pas du Chemin de Perfection


Suite du même sujet ; quelques conseils pour parvenir à cet amour.

1 Il est étrange de voir combien cet amour est passionné ; que de larmes il coûte, que de pénitences, que de prières… c’est un souci constant, une insatisfaction continuelle ; car si celui qui aime voit que l’âme aimée et en voie de progrès retourne quelque peu en arrière, il n’aura plus, semble-t-il, de plaisir en cette vie ; il ne mange ni ne dort, habité par cette préoccupation, craignant toujours que se perde une âme qu’il aime tant, et qu’il doive s’en séparer pour toujours… C’est un amour sans la moindre parcelle d’intérêt ; tout son intérêt consiste à voir cette âme riche des biens du ciel ; enfin, c’est un amour qui ressemble quelque peu à celui que le Christ a eu pour nous ; il mérite le nom d’amour et n’a rien à voir avec les malheureuses et frivoles amourettes terrestres ; et encore, je ne parle pas des amours défendus. Dieu nous en préserve !
2 C’est l’enfer, et il est inutile que nous nous fatiguions à en dire du mal car on ne saurait exagérer le moindre de ses maux…

3 L’amour spirituel n’est pas ainsi ; et si la faiblesse de notre nature nous fait tout d’abord éprouver quelque sentiment sensible, immédiatement la raison considère si les épreuves de l’âme aimée ne sont pas bénéfiques pour elle, si elles ne vont pas la faire grandir davantage en vertu ; supporte-t-elle bien ces maux ? L’on prie Dieu de la rendre patiente afin qu’elle gagne des mérites…

4 Je le répète, c’est un amour aussi désintéressé que celui que le Christ a eu pour nous ; c’est pourquoi ceux qui parviennent à le posséder font tant de bien, car ils n’ont qu’un désir : prendre en charge toute espèce de souffrances et que ces autres en reçoivent les bienfaits en se réjouissant de ces souffrances ; ainsi font-ils beaucoup de bien à ceux qui ont leur amitié, car on voit, même s’ils ne le font pas, qu’ils préféreraient enseigner par des œuvres plutôt que par des paroles. Je dis : " même s’ils ne le font pas ", s’il s’agit de choses qu’ils ne peuvent pas faire ; mais s’ils le peuvent, ils ne pensent qu’à travailler sans cesse pour ceux qu’ils aiment, et à leur procurer toutes sortes de biens…Oh ! heureuses les âmes qui sont aimées de la sorte ! Heureux le jour où elles connurent de tels amis ! …un excellent moyen pour posséder Dieu est de lier connaissance avec ses amis ; on en retire toujours un grand profit, je le sais par expérience et, si je ne suis pas en enfer, je le dois, après le Seigneur, à de semblables personnes, car j’ai toujours beaucoup désiré les voir me recommander à Dieu, et ainsi, je l’ai recherché.

5 Revenons maintenant à ce que nous disions. Cette manière d’aimer est celle que je voudrais que nous ayons les unes pour les autres, mais au début, cela ne sera pas possible. Examinons les moyens d’acquérir cet amour et, s’il venait à s’y mêler quelque trace de tendresse, cela ne serait pas nuisible pourvu que ce soit envers toutes en général.

6 C’est très bon, et dans une certaine mesure nécessaire, de faire preuve de tendresse dans l’amour que vous portez aux autres, de la ressentir même, et d’être touchée par toute maladie ou épreuve d’une de vos sœurs, car il arrive parfois que certaines personnes sont peinées par des riens qui en feraient rire d’autres…

7 …C’est très bien que les unes s’apitoient sur les besoins des autres, mais il ne faut pas manquer à la juste mesure…sachez discerner quelles sont les choses qui doivent vous faire peine à voir chez vos sœurs, et soyez toujours très chagrinées par toute faute, quelle qu’elle soit, que vous verrez chez elles. Là se montrera votre amour, dans la patience dont vous ferez preuve pour supporter cette faute chez votre soeur sans vous en étonner ; et ainsi les sœurs feront de même pour celles que vous pourrez commettre et dont vous ne vous rendez pas compte (et elles doivent être bien plus nombreuses que les leurs) ; recommandez instamment cette soeur à Dieu, et essayez de pratiquer avec grande perfection la vertu opposée à la faute que vous verrez chez elle …

8 Oh ! qu’il est bon et véritable l’amour de la soeur qui, oubliant son propre intérêt pour le bien des autres, s’efforcera d’aller très en avant dans toutes les vertus, et gardera sa Règle avec grande perfection ! Voilà une amitié meilleure que toutes les paroles de tendresse que l’on peut dire …

9 Une autre preuve d’amour est aussi comme il a été dit, d’essayer d’enlever tout travail aux sœurs, de l’assumer à leur place et de se réjouir de leurs progrès dans la vertu comme des siens propres ; il y a bien d’autres choses qui vous feront comprendre si vous avez cette vertu ; elle est très grande, car d’elle dépend la paix que vous aurez les unes avec les autres…

10 Et si par hasard vous vous lanciez quelque mot vif, portez-y remède immédiatement ; sinon, et si vous constatiez que le malaise grandit, priez ardemment…

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