mercredi 27 juin 2012

Thérèse d'Avila Fondations XIII, extraits

Thérèse d'Avila

Fondations, 13 (traduction Marcelle Auclair), extraits


Avec l'Ordre du Carmel qui se prépare au V° centenaire de la naissance de Sainte Thérèse de Jésus (d'Avila), nous vous proposons une découverte du Livre des Fondations


De la première maison où fut appliquée la règle primitive des Carmes déchaux en l'an 1568.

1 Avant d'aller fonder la maison de Valladolid j'étais convenue avec le P. Antoine de Jésus, … et avec Fr. Jean de la Croix que s'il se fondait un monastère de la Règle primitive des Carmes déchaux ils seraient les premiers à y entrer; comme il semblait impossible de trouver une maison, je m'en remettais obstinément au Seigneur; car comme je l'ai dit, j'étais maintenant satisfaite de ces pères… Notre-Seigneur qui m'avait donné l'essentiel, c'est-à-dire des religieux pour commencer la réforme, arrangea le reste.

2 Un gentilhomme d'Avila, nommé Don Rafaël, apprit, - je ne sais plus comment, car je ne le connaissais pas, - que l'on voulait fonder un monastère de Carmes déchaux; il vint m'offrir dans un petit hameau qui ne comptait que fort peu d'habitants, une vingtaine, je ne sais plus au juste, une maison qu'habitait le receveur de ses propriétés. Bien que me doutant bien de ce que ce devait être je louai Notre-Seigneur et remerciai le gentilhomme. Il me dit que la maison se trouvait sur la route de Medina del Campo, je pourrais donc la voir en allant visiter la Fondation de Valladolid. Je lui promis d'y aller, ce que je fis; je partis d'Avila au mois de juin avec une compagne et le P. Julien d'Avila, le prêtre dont j'ai parlé, chapelain de Saint Joseph, qui m'aidait dans ces voyages.

3 Nous partîmes de bon matin, mais ignorants des chemins, nous nous perdîmes… Jamais je n'oublierai notre fatigue et notre désarroi au cours de ce voyage; nous n'arrivâmes que peu avant la nuit. Nous trouvâmes la maison dans un tel état, si malpropre et si pleine de gens qui fêtaient l'août, que nous n'osâmes y passer la nuit. Elle comprenait un «portal» de grandeur raisonnable, une salle doublée d'une soupente et une petite cuisine: c'était là tout l'édifice de notre monastère. Je jugeai possible de faire la chapelle dans le «portal», le choeur dans la soupente, qui s'y prêtait, et de dormir dans la salle....

4 Dès notre arrivée à Medina je parlai au P. Fr. Antoine, je lui dis ce qui se passait, et que s'il avait le cœur de vivre quelque temps dans ces conditions, il pouvait être sûr que Dieu y remédierait promptement, l'essentiel était de commencer …Dieu avait doué le P. Fr. Antoine de plus de courage que moi: il répondit que non seulement il vivrait là, mais dans une porcherie. Fr. Jean de la Croix était dans le même état d'esprit.

5 …je laissai au P. Fr. Antoine le soin de rassembler pour cette maison tout ce qu'il pourrait; je partis avec le P. Fr. Jean de la Croix pour la Fondation de Valladolid. Nous y passâmes quelques jours, sans clôture, car des ouvriers réparaient la maison cela me permit d'informer le P. Jean de la- Croix de notre mode de vie, afin qu'il en connaisse bien toutes choses, nos mortifications aussi bien que notre amitié fraternelle, et les récréations en commun. Tout cela est prévu avec beaucoup de modération, uniquement pour nous permettre de connaître nos fautes et de nous détendre un peu et mieux supporter les rigueurs de la Règle

6 Dieu voulut que le Provincial de notre Ordre, nommé Fr. Alphonse Gonzalez dont l'approbation m'était nécessaire, se trouvât là. Il était vieux, très bon homme, et sans malice. Je lui dis tant de choses, entre autres que s'il entravait une si bonne œuvre il aurait à en rendre compte à Dieu, que, Sa Majesté aidant, il s'attendrit. Dona Maria de Mendoza et son frère l'Évêque d'Avila qui nous ont toujours assistés et protégés achevèrent de le persuader…

7 Dieu secourable! Que de choses apparemment impossibles j'ai vues au cours de ces négociations, et qu'il fut facile à Notre-Seigneur d'aplanir les difficultés!…je désire que Notre-Seigneur fasse comprendre à tout le monde que dans ces fondations nous n'avons presque rien fait nous autres, créatures. Le Seigneur a tout agencé, en partant de débuts si humbles que Sa Majesté elle seule pouvait les élever jusqu'au point où elles en sont. Qu'Elle soit à jamais bénie. Amen.

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