lundi 25 février 2013

Homélie 2° dimanche de Carême C, Carmel St Maur, P M Boisson

Homélie , 2° dimanche de Carême C
Père Maurice Boisson

Un jeune couple, Régis et Agnès, me disait récemment que Régis avait retrouvé un emploi après des mois de galère ! Leurs visages étaient lumineux, transfigurés.

Bernard, au moment de Noël, venant m’apprendre le décès de son épouse, avait le visage tiré et défiguré par la douleur.

Quand Michèle m’a annoncé qu’elle était guérie d’une longue maladie, son visage était rayonnant, elle n’était plus la même.

Chacune, chacun de nous, pourrait donner des exemples : une expérience profonde, intérieure, de joie ou de douleur, transforme quelqu’un. ça se voit sur son visage. Il est tout autre. Ce n’est plus le même, la même. Mais pourtant ce sont bien les mêmes ! Il s’est passé en eux, comme en nous, un événement de lumière ou de nuit tel qu’il modifie notre figure, notre extérieur, en même temps que notre intérieur... C’est souvent après coup qu’on en saisit le sens.

« Pendant que Jésus priait son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. » Les trois amis de la première heure, qui l’accompagnaient, le voient autrement sur la montagne, l’espace d’un moment. Cet homme qu’ils avaient suivi, un jour de plein travail, au bord du lac, sur un regard, sur une parole: c’est bien lui, sur cette montagne. Mais une lumière traverse toute sa personne, illumine son visage et ses vêtements. Dieu le Père fait sur lui, devant ses amis effrayés, une reconnaissance de paternité : « Celui-ci, c’est mon Fils » - « mon Fils bien-aimé », ajoute saint Marc. « Je le reconnais comme mon Fils. » Du coup, un coin du voile, une voix dans la nuée, se lève pour laisser entrevoir la suite et le terme : à Jérusalem, où ils se rendent, le Père donnera raison à son Fils. La Passion débouchera sur la lumière du matin de Pâques.

Ce qu’ils avaient vu et entendu, là, sur cette montagne, les amis s’en rappelleront : c’était pour leur redonner courage, pour qu’ils tiennent bon. Pour que Pierre, Jean et Jacques, accablés de sommeil, d’incompréhension, de peur, à en perdre la tête (il ne savait pas ce qu'il disait) , se réveillent et écoutent, à travers l’obscurité et l’épaisseur de la nuée, une parole d’Espérance ; pressentiment du dénouement final, où, le cœur tout brûlant, se rappelant le visage transfiguré, ils reconnaîtront dans le visage défiguré, le visage ressuscité.

Frères et sœurs, quelle expérience en nos propres vies !

Ce visage du charpentier de Nazareth, marqué des traits , du portrait de Dieu son Père, ce visage buriné par les morsures et les caresses de la vie, sera, sur une autre colline, ce visage défiguré par les méchancetés, la violence, le mal. Ce visage, il nous est présenté, en ce dimanche, visage transfiguré, tout autre, pour que nous sachions qu’il sera visage ressuscité rayonnant de lumière.

Tels seront nos visages, nos vies, notre monde... Tels seront nos vêtements, c’est-à-dire ce qui nous enveloppe et nous entoure.

La Transfiguration du Seigneur, c’est l’annonce de notre Avenir pour nous faire pressentir le terme.

En nous emmenant avec lui sur la montagne, avec Pierre, Jacques, Jean, Jésus nous donne la garantie que c’est possible d’espérer. Dieu tient promesse. C’est le psaume que nous avons prié : « Le Seigneur est ma lumière, de qui aurais-je crainte. » C’est la recherche d’Abraham dans la première lecture : « Comment vais-je savoir que j’aurai cette terre ? »

Dans les ténèbres de la nuit comme dans l’obscurité de la nuée, comme dans le brouillard de nos vies, une parole, une présence, une lumière : « Vois toutes ces étoiles"… vois cette lumière.  Quand sur nos routes l’obscurité de la nuée, de la vie, la fatigue, l’incompréhension, la peur, nous mordent le cœur et la raison comme Pierre, la Transfiguration du Seigneur nous rappelle ce que nous entendrons tout à l’heure dans la Préface : « Il nous révélait ainsi que sa Passion le conduirait à la gloire de la Résurrection » - Il n'y a pas de vendredi saint sans matin de Pâques.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci Maurice, merci à vous mes Soeurs pour ce partage.
La Paix soit avec vous