jeudi 14 mars 2013


Homélie du 4° dimanche de Carême C , extraits,
P Didier Joseph ocd
Imaginez qu’au début ou à la fin de cette Eucharistie, en cette semaine très dense pour l’Eglise, des journalistes soient à la porte de la chapelle et qu’ils nous posent cette question à tous et à chacun : « Pour vous, qu’est-ce que l’Eglise ? »

J’imagine que diverses réponses seraient proposées aux journalistes : « C’est une assemblée de chrétiens. » « C’est ceux qui veulent vivre du Christ. » Peut-être même parleriez vous du Pape, car le Conclave se réunira mardi prochain. Bref, diverses réponses. Mais je pense que rares seront les réponses qui affirmeront : « L’Eglise, c’est d’abord le lieu où la Miséricorde est annoncée, vécue, célébrée. »
Pourquoi, frères et sœurs, ce trésor est-il mis trop souvent de côté, inexploité parfois ? Pourquoi l’Eglise n’apparaît-elle pas d’abord comme ce lieu où la Miséricorde de Dieu est offerte à tous et à chacun, à tous ceux et celle qui veulent s’approcher et recevoir, goûter de ce pain de la Miséricorde de Dieu ? N’est-on pas aujourd’hui au cœur de l’Evangile, de ce qu’on traduit : « Bonne Nouvelle » ? Bonne nouvelle de Dieu qui nous est adressée : Dieu est Miséricorde.

A chaque page de l’Evangile, ne voyons-nous pas Jésus, Fils de Dieu - « pleinement Dieu et pleinement homme », dit le Credo - tendre la main à toutes celles et ceux que le péché a mis dans les marges, ceux que l’on croyait indignes, au temps de Jésus, de se rassembler dans la synagogue, dans ce lieu de prière, à cause de leur conduite passée ou présente, cette conduite qui leur collait à la peau ? Et on les avait identifiés avec leurs péchés. Ils n’étaient plus des êtres appelés à vivre, mais ils portaient le nom de leurs fautes, à jamais... Qui allait les inviter à entrer dans cette renaissance ?
Il me semble important de relire ce petit chapeau de l’Evangile de Saint Luc au chapitre quinzième - ce chapitre qui est le chapitre de la Miséricorde : « Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. » (v.1)
Traduisons : « Tous ceux que le péché a rencontrés, tous ceux que le péché habite. »

« Les Pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et mange avec eux ! » (v.2)
Traduisons : « Ceux qui se croient sans péché, capables de vivre comme cela. »
Si vous le voulez bien, écoutons, approchons-nous de Jésus. Ne sommes-nous pas invités à aller toujours vers Jésus pour l’écouter, pour nous nourrir de sa parole, pour le recevoir, lui, dans toute sa personnalité, dont nous n’aurons pas assez d’une vie pour faire le tour ? Deux démarches : aller vers Jésus et l’écouter. Deux démarches qui se fondent l’une dans l’autre pour ne former qu’un même désir : franchir tous les obstacles qui me replient sur moi pour aller me jeter dans les bras de mon Père, comme la parabole l’a illustré. Et entendre de nouveau le Père me dire avec force et avec amour : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie. » (v.24) « Mon fils ou ma fille était perdu et il, elle est retrouvé. »

Voilà la dynamique du mouvement du pécheur qui se lève de la mort pour aller à la vie, qui s’était égaré à cause du péché et qui retrouve, par le pardon, le chemin de l’Alliance, de la vie avec Dieu et de la communion avec ses frères et sœurs.
Jésus le Christ - Fils de Dieu et fils de l’homme, Fils de Marie - vient faire surgir le pardon, l’amour, là où le péché a enlaidi l’être humain. Il vient célébrer la vie retrouvée. Je vous inviterai, au long de cette semaine, à lire et à relire sans cesse ce chapitre quinzième de Saint Luc qui est le cœur de l’Evangile, et notamment cette parabole d’aujourd’hui...

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