lundi 26 août 2013

Homélie 21e dimanche C



Homélie 21e dimanche C
Carmel de Saint-Maur  P. Maurice Boisson

Ce dimanche a un parfum de rentrée : si ce n’est fait on s’y prépare, on fait les achats ou derniers préparatifs scolaires, les entreprises ont repris l’activité. Vous, mes Sœurs, voilà plus d’une semaine que vous avez repris le rythme habituel.

Cette période est comme un redémarrage, un re-départ, une reprise - avec plein d’incertitudes, de bonne volonté, et aussi – peut-être – de lassitude. On retrouve un quotidien – que certains n’ont pas quitté – fait d’ombres et de lumières, de grisaille, de soleil. C’est notre chemin, chemin vers nous-mêmes, chemin vers les autres, chemin vers Dieu.

Ce chemin, il passe par une porte étroite  – nous dit Jésus aujourd’hui : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Luc 13,24). « Ne passez pas par le portail qui s’ouvre avec un bip sans qu’on descende de voiture ». Les passages de nos vies sont des portes étroites à franchir pour un chemin vers la profondeur intérieure cachée, au-delà du visible.

Ce chemin, c’est la quotidien, la banalité de chaque jour, nos « maintenant ».

« Il ne suffit pas de savoir que j’existe – pourrait nous dire Jésus – il ne suffit pas de savoir qu’il y a un chemin et de lire la carte. Il ne suffit pas d’avoir bu et mangé en ma présence. »

« Ah oui ! on le connaît, on était avec lui à la noce à Cana ! J’ai mangé avec lui chez les Publicains avec Matthieu. »

« Je ne sais pas d’où vous êtes. Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal » (Luc 13,27).

Le ticket d’entrée, c’est de prendre le chemin du bien, de l’amour, et de marcher sur un chemin de droiture, même si c’est étroit. Vous ne le regretterez pas. Ce chemin, c’est notre quotidien, que nous avons à aimer. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Matthieu 6,11). « Donne-nous notre chemin quotidien à aimer. »

« Ton ciel se fera sur terre avec tes bras » - chantait le Père Duval.

« Dans cette existence de chaque jour, la vie éternelle est déjà commencée » - dira la Préface tout à l’heure.

Ce quotidien à vivre et à aimer, c’est pas le grand portail automatique – c’est notre expérience, c’est celle du Christ.

Dieu nous connaît bien, il ne dira pas : « Entrez, allez-y, tout est grand ouvert » - mais il dira : « Efforcez-vous ! ». Voilà une parole de réconfort, et pas une condamnation. « Efforcez-vous ! » « Tu ne peux peut-être pas passer maintenant par cette porte étroite ; fais en sorte que tu puisses le faire. Si ce n’est pas maintenant, ce sera demain ; l’important, c’est que tu t’efforces, que tu ne restes pas assis au bord du chemin. Efforce-toi avec les forces et les possibilités qui sont les tiennes – mais surtout marche. »

Sur cette porte étroite du quotidien, il n’y a pas de panneau « sans issue » - pour personne – ni non plus « réservé aux riverains ». Un chemin pour tous – c’est la première lecture.

Sur ce chemin, on viendra à cheval, sur des chariots, sur des mulets ou sur des dromadaires, sur des fauteuils roulants, ou des 4 x 4, ou à pieds. Le ticket de péage ou d’entrée, c’est la manière dont nous aurons essayé de ne pas donner prise au mal, à la méchanceté.

Cette porte étroite peut nous gêner aux entournures intérieures. Elle débouche là où la recherche du bonheur, du vrai bonheur, trouve sa réponse.

Nos quotidiens, nos ordinaires, sont faits de marches intérieures, de passages étroits, de choix, de Pâques intérieures. Ils ouvrent sur plus d’espace, vers des pistes nivelées pour y marcher sans risques de se tordre les chevilles, avec des articulations assouplies - dit la deuxième lecture. Il nous faut de la patience, dit l’Evangile.

Ceux qui veulent être les premiers prendront peut-être le bip du portail automatique. Jésus nous propose de nous efforcer de passer par la porte étroite, même si on y laisse quelques égratignures ou des déchirures à nos habits. C’est le bon chemin de notre quotidien en ce temps de rentrée.

Ce n’est pas le chemin qui est difficile, mais le difficile qui est le chemin.

 

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