lundi 17 février 2014

Homélie 6e dimanche A 2014


Homélie 6e dimanche A 2014
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson
 
A moins d’être Robinson Crusoé sur son île – et encore, « Nul n’est une île. » -, pour que la vie en société soit viable, harmonieuse, soucieuse du bien de tous, on a besoin de quelques repères, quelques lois, balises, auxquels chacun est tenu.

C’est vrai en famille, dans une communauté religieuse, dans un lycée, bien sûr. C’est vrai pour une nation, et avec la mondialisation, l’Europe et le monde se donnent des règles.

C’est vrai pour chacun de nous, pour conduire notre vie, c’est vrai pour l’Eglise, qui a ses normes, sa morale - comme on dit -, qui ne sont pas toujours bien perçues quand elles apparaissent trop souvent comme des interdits, des permis et des défendu.

La Parole de Dieu de ce dimanche nous donne une autre façon de voir, d’agir, de penser, une autre logique que celle du permis et du défendu. Le message de la première lecture et de l’Evangile nous invite à fonder notre agir, notre comportement, pas d’abord par rapport à des lois, des règlements, mais par rapport à notre responsabilité personnelle, à notre cœur, à l’Amour, qui est source de la liberté – non pas de faire n’importe quoi, mais d’agir de telle manière qu’on réponde à un amour.

C’est la nouveauté, la Bonne Nouvelle de l’Evangile du Christ : avoir pour guide de vie un cœur qui aime.

Le cœur, dans la Bible, c’est le centre de la personne, de l’être, c’est la conscience, « ce sanctuaire intérieur » - dit le Concile, c’est la raison – cette capacité de réfléchir, de discerner. Le cœur, c’est le lieu de nos choix, de notre volonté, de notre responsabilité personnelle et de notre liberté.

L’Evangile fait appel, pour notre agir, non pas d’abord à des lois, mais à ce qu’il y a de plus profond dans l’être humain : son cœur et sa liberté.

C’est la première lecture : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements Il dépend de ton choix de rester fidèle. » (Ben Sirac 15,15) …ça dépend de ton choix, de ton cœur.

« Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères. La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée, selon leur choix. » (Ben Sirac 15,16-17)

Etonnante actualité de ces paroles quelques siècles avant le Christ, parce que ce qu’il y a dans le cœur humain traverse le temps, les modes, les systèmes de pensées ; c’est le lieu de l’amour, source de notre agir et de toute morale.


C’est la nouveauté de l’Evangile de ce jour :

« On vous a dit – dit Jésus – de ne pas tuer, c’est bien ; mais moi je vous dis de ne pas vous mettre en colère contre l’autre. La colère dans ton cœur est source de violence, de haine, de méchanceté, qui peuvent abattre l’autre – il y a des paroles assassines.

On vous a dit – dit Jésus – de ne pas prendre ce qui appartient à l’autre, c’est bien ; mais moi je vous dis de ne pas désirer, de ne pas envier dans ton cœur ce qui est à l’autre, car c’est la source d’actions mauvaises pour te l’approprier. C’est dans le cœur que ça se passe. » (cf. Matthieu 5,21-22 ; 27-28)

« Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » - dit Jésus (Matthieu 5,17) …je ne suis pas venu supprimer les commandements mais les accomplir, les dépasser, ne pas en rester à une pratique extérieure du permis ou du défendu.

On peut consulter un code civil ou canonique, un code de la route, les commandements de Dieu, ou ce qui se fait, une mode.

On peut consulter sa conscience, sa raison, son cœur et le désir de Dieu.

Si notre agir, notre morale, sont inspirés par l’Amour, nous grandissons en liberté - à laquelle nous sommes appelés – dit Saint Paul (cf. Galates 5,13).

C’est le verset d’acclamation de l’Evangile : « La loi du Seigneur est joie pour le cœur, lumière pour les yeux. » …joie, et pas un boulet.

Saint Augustin, qui dans une première partie de son existence s’y connaissait en vie déréglée, résume bien le message de ce dimanche : « Aime et fais ce que tu veux. » …pas n’importe quoi, car si tu aimes, tu feras ce qui est bon pour les autres, pour Dieu, pour toi-même. Tu feras encore plus que le permis ou le défendu par la loi.

C’est ce que nous avons demandé dans la prière du début : « Dieu qui veux habiter les cœurs droits et sincères, donne-nous de vivre selon ta grâce. » … selon l’Amour que tu mets dans nos cœurs.

 

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