dimanche 7 septembre 2014

Homélie 23e dimanche A –

Homélie 23e dimanche A – 2014 - Carmel de Saint-Maur -
Père Maurice Boisson

Ce n’est pas toujours facile de vivre ensemble. C’est peut-être encore moins facile de jouer à Robinson Crusoé sur une île. Nul n’existe seul, pour soi seul, avec soi seul.

Dieu nous a créés à son image et à sa ressemblance, en relation. Dieu est relation, famille, amour, et non pas « le grand solitaire des mondes ».

Nous sommes faits pour être en relation, même au-delà de la mort ; ça s’appelle la Communion des saints. Nous sommes faits pour vivre ensemble.

Mais que d’obstacles sur ce chemin ! Des obstacles dans nos propres cœurs, toujours tentés de méchanceté, de jalousie, de vengeance, d’orgueil… des mêmes obstacles dans le cœur des autres, des obstacles d’un environnement de pensées et de modes de vie qui poussent à l’individualisme, à s’enfermer sur ses propres intérêts.

Dès l’origine, ce n’est pas facile : déjà, Adam et Eve se rejettent la faute ; dès qu’il y a eu deux frères, Caïn tue Abel… Jusqu’à aujourd’hui et sans doute jusqu’à la fin du monde.

Si notre humanité, et nos cœurs, recherchent et désirent le bien, la paix, l’amour, l’esprit mauvais est toujours prêt à semer la zizanie, l’ivraie, dans le champ du monde.

D’où l’insistance du désir de Dieu, exprimée dans la vie et le message du Christ : nous faire grandir les uns les autres dans les relations fraternelles, faire grandir notre monde dans l’entente et la paix, parce que c’est ce qui sera au final.

C’est l’insistance de l’Evangile de ce dimanche (Matthieu 18,15-20) concernant les communautés d’Eglise - des disciples du Christ qui se réunissent au nom de Jésus, qui prient  le notre Père, cette prière qui nous fait frères et sœurs, et qui ont reçu le message de s’aimer les uns les autres comme Il nous a aimés.

Les paroles de Jésus dans cet Evangile sont difficiles ; Saint Matthieu, qui les rapporte, s’adresse à des communautés qui vivent les difficultés du vivre ensemble.

« Si ton frère ou ta sœur, commet un péché – il ne s’agit pas d’une bricole, mais d’un acte sérieux qui peut mettre en danger sa vie et atteindre la communauté – parle-lui seul à seul. Pas devant les autres, pas en le dénonçant, pas en réglant des comptes, pas en le racontant à tous, mais dans la discrétion et le respect. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère (Matthieu 18,15). »

Il ne dit pas : ‘tu auras gagné sur ton frère’ ; il n’y a pas de gagnant, mais un chemin s’ouvre dans la cœur de chacun.

La démarche peut être aussi dans l’autre sens : « Si toi, tu viens à pécher, à t’égarer sérieusement, accepte que l’autre te parle. » Un chemin possible dans la patience, le soutien mutuel, peut-être avec d’autres, jamais dans le jugement ou la condamnation, mais dans l’accueil de la miséricorde et du pardon, comme le Publicain de Jésus qui est remis dans la relation et l’amour de Dieu.

On peut mal interpréter ces paroles de Jésus ; elles ne sont pas un argument donné aux redresseurs de torts en tous genres, toujours aux aguets de la moindre petite erreur ou de la petite paille dans l’œil de l’autre.

C’est la présence du Christ au milieu de nous qui est source de charité. « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Matthieu 18,20).

Cette attitude dans nos relations est bien exprimée par Saint Paul dans la deuxième lecture : « Ne gardez aucune dette  envers personne, sauf la dette de l’amour mutuel (qu’on doit toujours à l’autre) – car celui qui aime les autres, dit Saint Paul, à parfaitement accompli la volonté et le désir de Dieu » (Romains 13,8).

L’accomplissement parfait de cette volonté est l’amour. Nous sommes confiés les uns aux autres pour nous aider à grandir dans cet amour, et pas à nous casser ou nous abimer. C’est un chemin de conversion mutuelle que nous sommes invités à ouvrir dans nos cœurs.

Aucun commentaire: