jeudi 16 octobre 2014

Homélie 15 Octobre, fête de Ste Thérèse d'Avila

Sainte Thérèse d’Avila – 15 Octobre 2014 - Carmel de Saint-Maur
Père Maurice Boisson

Au bord d’un puits ! C’est là que commencent les grandes missions d’amour de la Bible. En allant faire boire ses troupeaux au puits, Jacob rencontre celle qui sera sa femme, Rachel ; mais pour abreuver ses bêtes, Jacob a dû soulever une énorme pierre qui obstruait le puits.

Arrivant avec sa cruche vers le puits de Jacob, cette femme de Samarie (cf. Jean 4,5-15) pensait que sa vie à elle était loin d’être un beau roman d’amour ; elle aussi, elle avait une énorme pierre à soulever, qui fermait l’accès de son cœur : un passé trop pesant, dans l’échec de ses amours successifs.

Assis au bord de ce puits, Quelqu’un était là et las, Quelqu’un qui n’aurait pas dû être là, en territoire dangereux, en pleine chaleur de midi, sans rien pour puiser de l’eau, entrant en conversation avec une femme de mauvaise réputation.

Dieu est parfois – et souvent – là où on ne l’attend pas, dans son humanité qui a marqué la spiritualité de Thérèse. Cet homme – Jésus – a rencontré Thérèse au bord du puits de son désir profond de rencontrer l’Amour de Dieu, d’envie de le partager. Il nous attend et nous rencontre, avec nos cruches, nos vies peut-être compliquées, nos désirs, nos pensées, nos relations, notre esprit, toute notre existence qui a besoin d’eau vive, du don que le Christ fait de lui-même - le don de l’Amour du Père, de sa sagesse – c’est la première lecture (cf. Sagesse 7,7-14) -  non pas le don d’être bien sage et bien gentil « comme une image », mais la sagesse qui est en nous le reflet de la lumière, de la bonté, de l’intelligence de Dieu.

« Donne-moi à boire », demande Jésus (Jean 4,7) fatigué, et, à partir des choses toutes simples de la vie, dans la conversation, la situation se renverse ; c’est cette femme qui lui demande à boire, pas n’importe quelle eau : de l’eau vive qui jaillit du cœur et de l’être de Celui qui soulève la pierre pour donner accès à cette eau. « Donne-moi de cette eau » (Jean 4,15).

Jésus n’a rien imposé ; il a réveillé en elle un désir qui avait du mal à revivre, à s’exprimer : celui de la fraîcheur, de la clarté, du bienfait de l’eau vive, ce désir qui, pour Thérèse, était celui de voir Dieu et d’avoir soif de son visage. C’est aussi l’expérience de nos vies, ce désir d’eau vive, qui a un goût particulier selon les uns et les autres.

Jésus libère ce désir et offre l’eau vive. Le puits profond et parfois bouché de nos vies est grand ouvert. La pierre est soulevée, comme celle du tombeau. Le don de Dieu nous est offert. « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme, Seigneur » (Psaume 41,2).

Cette rencontre au bord du puits nous dit ce que peut être notre prière selon Sainte Thérèse : « Un échange d’amitié avec Quelqu’un dont on se sait aimé » (cf. Vie 8,5). Cet échange nous aide à grandir peu à peu dans la connaissance de Celui qui nous donne l’eau vive ; c’est la fin de l’histoire où cette femme découvre peu à peu qui est celui avec qui elle parle : « D’où la tiens-tu donc, cette eau ? » (Jean 4,11) – et elle va le dire autour d’elle.

Comme la Samaritaine, comme Sainte Thérèse, Saint Jean de la Croix, et les autres, et vous, marchons avec nos cruches vides vers ce puits d’Amour qui est le cœur et le visage de Dieu, vers la Source, « même si c’est de nuit » ou sous le soleil de midi.

« Seigneur, donne-moi de cette eau. »

 

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