dimanche 21 décembre 2014

Homélie 4e dimanche de l’Avent - 2014 -

Homélie 4e dimanche de l’Avent - 2014 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

2 Samuel 7,1-5.8b-12.14a.16 ; Psaume 88 ; Romains 16,25-27 ; Luc 1,26-38
« Alors l’ange la quitta » (Luc 1,38).

La voilà bien toute seule, cette jeune fille – Myriam - bouleversée par ce qui vient de lui tomber sur la tête, surtout dans son cœur, et qui va changer sa vie.

Seule, dans sa cuisine, avec ses questions, ses craintes, sa pensée sur l’avenir, mais aussi avec une discrète joie intérieure de participer - au premier plan - à la réalisation de l’espérance de son peuple.

C’est vrai, il y a bien Joseph, son fiancé ; mais pour le moment, ça va encore compliquer la situation : cet enfant n’est pas de lui ; ni d’un autre homme, d’ailleurs.

Voilà comment débute la mise en œuvre de la grande décision de Dieu : venir habiter dans l’humanité, chez les hommes ; y demeurer, y prendre chair, corps - sauf le mal - …son désir est de se faire ce que nous sommes pour que nous devenions ce qu’il est lui-même.

Ce grand projet, préparé dès l’origine pour rétablir la relation d’Amour avec l’humanité, se réalise dans la simplicité, la banalité du quotidien et des relations, dans l’intériorité – c’est là que Dieu a trouvé une crèche, un cœur, des cœurs, de l’amour, et par-dessus tout de la confiance ; croire que le possible est possible, même dans l’impossible, que c’est faisable, sans étude de « faisabilité » - parce que ce qui se passe nous dépasse. « Croyez » : message de ces jours.

Vous imaginez cette venue de Dieu habiter et demeurer parmi nous ?

Il envoie un messager - il a un nom : Gabriel, une voix dans la conscience et dans la vie.

Il ne va pas trouver les chefs religieux de la capitale, de Jérusalem, au Temple, à l’église : il est envoyé par Dieu dans un petit village perdu, de 150 habitants, mal renommé. Il va trouver une jeune fille, Myriam – c’est la fille de Joachim et d’Anne, elle est gentille, on croit qu’elle est fiancée au charpentier.

L’ange entre chez elle, dans sa maison, dans sa cuisine, surtout dans son cœur.

Il lui parle de la part de Dieu.

Et il « la quitta » quand, dans ses questions, au milieu de ses craintes, de sa disponibilité, au milieu de son bouleversement intérieur, Marie lui a dit : non pas un « oui » triomphant et éclatant, comme on le dit facilement, mais une discrète et humble disponibilité : « Je suis au service du Seigneur ; que ce que tu m’as dit se réalise pour moi » (cf. Luc 1,38).

« Mais parles-en aussi à Joseph. Je sais que je peux compter sur son amour, il ne me laissera pas ; mais les gardiens de la Loi de Dieu, ils me tueront ! Au nom de Dieu. Ils tueront Dieu en moi. »

Et Joseph « prit chez lui son épouse » (Matthieu 1,24) – comme lui avait dit l’ange. Chez lui, et pas dans un appartement de la rue d’à côté.

Et puis, qu’est-ce qui lui arrive encore, à la vieille cousine qui ne pouvait pas avoir d’enfant ? Voilà qu’elle attend, pour dans trois mois.

La jeune Marie ne s’emmure pas dans sa situation, elle ne se prend pas non plus la tête ; elle aurait pu, quand même !

Elle part à travers la montagne, aider la vieille cousine dont l’enfant préparera la mission du sien. C’est ça, l’histoire sainte ! L’histoire humaine, notre histoire, l’histoire de nos vies, habitées par Dieu ; notre expérience humaine la plus quotidienne, la plus banale, avec ses événements, ce qui arrive, avec son lot de questions, d’inconnus, d’espérance aussi.

Nos vies sont ensemencées de plein d’ « Annonciations ».

Quand la voix de Dieu nous rejoint dans nos « chez nous », au plus intime de nous-mêmes, pour y faire sa demeure, pour que prennent corps et chair en nous et dans le monde, et grandissent, toutes semences de bon, de lumière, d’Amour, de paix.

C’est pas magique : « Comment cela peut-il être faisable » (cf. Luc 1,33) en moi – « La puissance d’Amour de Dieu le rendra possible. Rien ne lui est impossible » (cf. Luc 1,35.37), si tu veux bien accueillir chez toi, en toi, cette présence d’Amour, dans le banal de ta vie.

Une condition – c’est le message de cette fin d’Avent : « Croyez » - c’est-à-dire « Fais confiance, le Seigneur est avec toi. »

L’ange peut nous quitter, comme il a quitté Marie.

Il a rempli sa mission.

Il nous laisse une Présence.

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