mardi 9 décembre 2014

Homélie Immaculée Conception - 2014 -

Homélie Immaculée Conception - 2014 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Genèse 3,9-15.20 ; Psaume 97 ; Ephésiens 1,3-6.11-12 ; Luc 1,26-38

C’est le soir des lumières ! Pas seulement à Lyon où l’origine de cette fête est bien l’hommage à la Vierge Marie protectrice de la ville, et aussi dans certains villages ou maisons, où on allume des lumignons et bougies sur le bord des fenêtres.

On a toujours été fasciné par la flamme : c’est vivant, ça bouge, c’est chaud, ça guide dans la nuit, ce n’est pas seulement du spectacle extérieur, mais ça communique avec l’intérieur.

Ce n’est pas étonnant qu’on fête l’Immaculée Conception de la Vierge Marie avec des lumières, parce qu’elle apporte une lumière particulière dans les obscurités du monde.

Le 25 mars 1858 à l’aube, la petite Bernadette se dirige vers la grotte, bien décidée cette fois à obtenir le nom de cette Belle Dame qui lui apparaît depuis une quinzaine de fois déjà : « Voudriez-vous me dire qui vous êtes, s’il vous plaît ? » A chaque demande, la jeune dame sourit ; à la quatrième, elle répond en patois lourdais : « Je suis l’Immaculée Conception. »

Ces paroles étaient inintelligibles pour cette jeune bergère de 14 ans, connaissant peu son caté, ignorant totalement que 4 ans auparavant le Pape Pie IX avait proclamé l’Immaculée Conception de Marie.

Ces paroles sont encore aussi inintelligibles pour beaucoup ; c’est vrai que ce n’est pas facile, et en plus quand se mêlent les questions de la conception et de la naissance de Jésus, la virginité de la Vierge Marie. Cette expression n’est pas non plus facile, mais c’est le nom avec lequel Marie se présente à Bernadette.

Pourtant, cette réalité de l’Immaculée Conception, le peuple chrétien, dans son bon sens et sa foi, bien avant la déclaration des théologiens et des Papes, l’avait pressenti.

Il ne s’agit pas d’examiner les pièces d’un dossier médical, en l’occurrence celui de Joachim et d’Anne, les parents de Marie, ni celui de Marie : il s’agit du secret d’un être humain, de ce qu’il est. « Je suis l’Immaculée Conception » ; il s’agit du secret d’une relation privilégiée, dont on bénéficie des effets sans forcément tout comprendre.

La jeune Marie de Nazareth a été gâtée par Dieu. Ce n’est pas en dehors de la raison, ni du bon sens, que Dieu ait voulu préparer avec amour l’être de celle qui allait être sa Mère, le porter, le nourrir, l’aider à grandir.

C’est une faveur de Dieu que de combler de grâces, d’Amour, de présence, une jeune fille toute simple, de notre race, d’un village à la renommée douteuse.

Cette grâce, cette faveur, cet Amour, ont préservé Marie de l’ADN du mal, de ce qui est mauvais ; cette grâce a mis Marie à l’abri de la pollution répandue par Satan, à l’origine – c’est la première lecture - et à laquelle ont été contaminés, et sont encore contaminés les humains.

« Je te salue, comblée de grâce - dit doucement l’ange – le Seigneur est avec toi (Luc 1,28). Tout ton être est rempli de l’amour et de la présence de Dieu. » Et Marie a accueilli cette faveur, qui lui révélait aussi le meilleur d’elle-même.

Marie ne fait pas la maligne, elle ne se prend pas la tête - « Je suis la meilleure ! » Elle ne comprend pas : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » - ce sont les premiers mots de son dialogue avec l’ange (cf. Luc 1,29). Ce n’est pas étonnant que nous aussi nous ayons du mal à comprendre. Elle tremble de crainte et d’angoisse.

« Je ne connais pas d’homme » (Luc 1,34). C’est une surprise qui la trouble et qui surprend, comme tout appel. Il faut que l’ange la rassure : « Sois sans crainte, Marie (Luc 1,30), n’aies pas peur. »

C’est dans la maison que ça se passe : chez elle, là où elle vit, et dans son cœur ; pas dans le Temple, au milieu de l’encens, comme l’annonce à Zacharie (cf. Luc 8,20). Chez elle : dans cette demeure humaine, toute simple, préparée pour l’Amour de Dieu, pour l’accueil de l’Amour.

On demandait un jour au Père Martelet, un grand théologien Jésuite, ce que ça engage de croire en l’Immaculée Conception, pour un chrétien d’aujourd’hui : « Ce que cela a toujours engagé : une simplicité du cœur pour accueillir Dieu. »

 

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