jeudi 25 décembre 2014

Homélie jour de Noël B 2014 -

Homélie jour de Noël B 2014 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Isaïe 52,7-10 ; Psaume 97 ; Hébreux 1,1-6 ; Jean 1,1-18

Cette année a connu un certain nombre de commémorations d’événements divers, d’anniversaires - celui de la guerre de 14 et celui de Sainte Thérèse d’Avila. C’est important de garder la mémoire de ce qui a contribué à façonner une nation, une famille, on ordre religieux, une culture, une histoire…

Quoi de plus normal que de fêter l’anniversaire de la naissance de Jésus ? Et aujourd’hui, beaucoup ne savent plus ce qu’est la fête de Noël. La naissance de Jésus, oui, peut-être encore, mais ce que c’est réellement : « Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous » (Jean 1,14).

Dieu lui-même prend corps, chair, sang et esprit dans notre humanité pour que nous devenions ce qu’il est lui-même : Dieu.

C’est quand même pas mal comme perspective d’avenir – non seulement personnel, mais collectif.

On le disait à la célébration de cette nuit : Dieu met pied à terre pour que nous puissions mettre pied au ciel - ne pas rester collés, embourbés, paralysés par la nuit…

Noël n’est pas seulement un anniversaire - c’est une actualité permanente : « c’est Noël chaque jour », dit un chant – une naissance permanente de la présence de Dieu en nous et dans le monde, dans la vie.

« En lui est la vie » (Jean 1,4) – de la lumière. La vie est la lumière des hommes. « Il est la vraie lumière qui éclaire tout homme » (Jean 1,9).

Il est la valeur absolue de tout être humain : né de Dieu.

« Nous allons de naissance en naissance » - écrivait le Frère Christian de Tibhirine. C’est le grand cadeau de Noël : naître et renaître sans cesse, quel que soit notre âge et notre situation, à la lumière, à la vie, à l’amour.

Il faut tellement peu de choses pour que la lumière ne reparte pas, pour que la vie s’arrête, même si on n’est pas mort ; pour que l’amour s’éteigne, pour que la paix laisse la place à la violence et à la méchanceté, pour que la justice soit celle du plus fort, pour que la vérité s’agenouille devant le mensonge.

Nos ancêtres païens - celtes dans nos régions - avaient tellement peur qu’au solstice d’hiver – aujourd’hui – le soleil ne remonte pas ! Et le jour reprend le dessus sur la nuit.

Ils fêtaient cette victoire du soleil invaincu en tournant des tiges de bois enflammées ; une tradition qui se continue dans mon village, ce soir.

Cette fête païenne a été christianisée en en faisant la fête de l’anniversaire de la naissance du Christ – « soleil levant venu nous visiter », selon la belle expression de l’Evangile.

Le jour naît toujours après la nuit, et de la nuit. C’est une naissance permanente de la lumière en nos vies. Comme toute naissance, ça peut être fragile, comme l’enfant de la crèche qui naît dans une mangeoire.

Mais « toute nuit pressent que la lumière jaillira de l’aube qu’elle attend » (Claude Duchesneau).

Branchons-nous à cette petite lumière de Noël – pas celle des spots qui aveuglent et éblouissent - celle de l’intimité de Dieu parmi nous ; lumière qui rassure, comme celle dans la chambre d’un enfant, ou celle de la chambre d’hôpital.

Ne perdons pas de vue l’Etoile qui a guidé tout le monde : les pauvres types de bergers comme les grands savants venus de loin.

Laissons entrer cette lumière de Noël dans les fêlures - là où la lumière peut passer, il faut pas grand-chose – de nos existences parfois cabossées, ou cassées, ou blessées.

« En lui est la vie, et la vie est la lumière des hommes » (Jean 1,4) – lumière qui les éclaire.

Une grâce de Noël, c’est le don de la lumière à accueillir, la force de nous battre avec la nuit, pour faire gagner le jour.

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