dimanche 28 décembre 2014

Homélie Sainte Famille B 2014 -

Homélie Sainte Famille B 2014 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Genèse 15,1-6 ; 21,1-3 – Psaume 104 – Hébreux 11,8…19 – Luc 2,22-40

La famille est toujours au cœur des débats de notre société. Elle focalise beaucoup de questions –fondamentales - touchant des domaines sensibles de l’existence humaine : l’amour, le couple, homme/femme, l’enfant, la vie et la société elle-même – puisque - qu’on le veuille ou non - la famille est le noyau de base de la société ; et tout ce qui touche aussi à l’éducation est un domaine grave et sérieux qui engage toujours un avenir.

Dans la foulée de la fête de noël – Noël et famille vont ensemble –, les chrétiens sont invités à fêter la Sainte Famille : une fête au cœur de la vie et de l’actualité, qui nous apporte quelques lumières.

Sainte Famille ! Etonnante famille ! Qui n’a rien d’un roman à l’eau de rose.
Une famille à laquelle nos familles ressemblent ! Dans les épreuves et les joies qu’elles connaissent.

Ça commence mal pour ce couple qui va se marier : un enfant arrive, dont l’origine pose beaucoup de questions, surtout dans la société du temps !
Que faire ? Marie et Joseph écoutent leur cœur, leur conscience, leur confiance en Dieu. L’Amour a le dessus.

Contre toutes les conventions religieuses et les rumeurs mondaines, Joseph garde Marie – enceinte – avec lui. Une naissance dans la précarité, loin de chez eux.
Le bébé en danger de mort, il faut se réfugier en Egypte.

C’est la situation des chrétiens d’Irak, de Syrie, des plus pauvres.
La violence était déjà là : au cœur du plus fort de l’amour, toujours menacé.
Et puis, c’est la vie habituelle à la, maison, au village.

Un jour, en pèlerinage avec ses parents, le jeune Jésus fugue. Ses parents le grondent fort. Il leur donne une explication à laquelle ils ne comprennent rien !
Invité à un mariage à Cana, il s’accroche avec sa mère.

Un beau jour, le grand fils qui devait reprendre l’affaire de Joseph pose les outils, avertit les clients, les amis, quitte l’atelier, le village, la famille, pour s’installer – façon de parler… - au bord du lac de Galilée, pas pour du tourisme ; là, il rassemble quelques amis.

C’est le début d’une nouvelle vie.
Quelques temps après, la famille a envie de le revoir. Ils ont entendu parler de lui : il a perdu la tête, il est devenu fou, faut aller le chercher.

« Ma famille – dit-il à tout le monde – c’est ceux qui font la volonté de mon Père des cieux » (cf. Matthieu 12,49).
On connaît la fin, qui n’est pas la fin : ce fils de Marie, de Dieu, élevé par Joseph, est condamné à mort comme un bandit. La maman prend dans ses bras le corps de son fils – Joseph étant probablement déjà mort.

La Sainte Famille, dans laquelle beaucoup de familles peuvent se retrouver.
Dieu, venant habiter notre humanité, n’est pas venu vivre dans un écrin de velours, ni dans une bulle aseptisée : il s’est fait chair dans une famille comme les nôtres.

Alors, pourquoi c’est la Sainte Famille, et en plus qui nous est donnée comme modèle ?
C’est par ce qui a animé les trois membres de cette famille dans les événements qui arrivaient, dans leurs relations mutuelles, et leur disponibilité à un avenir qui les dépassait mais dont ils découvraient peu à peu le sens avec confiance.

Nos familles, nos communautés religieuses – qui sont des familles, puisqu’on s’appelle frères, sœurs, Mère, Père – nos familles pourraient s’inspirer de ce qui a animé la Sainte Famille, là où Jésus, Fils de Dieu, a appris à être humain - de divin qu’il était.

Là où on apprend la grammaire élémentaire de l’humanité : apprendre à grandir ensemble dans la différence, à appartenir aux autres, faire l’expérience de la bienveillance - vouloir le bien de l’autre, et que grandisse ce qu’il a de meilleur en lui - dans le décentrement de soi et l’ouverture à l’autre.

La famille, qu’elle soit de sang, qu’elle soit religieuse, amicale, ou qu’elle soit la grande famille des enfants de Dieu - que Jésus a voulue - c’est toujours le lieu où on apprend à aimer.
Ça a été l’essentiel de la vie, de la mission de Jésus ; il l’a appris dans sa famille humaine.

« Pour faire un homme – ou une femme – mon Dieu, que c’est long ! » - dit une chanson.
On n’a jamais fini d’apprendre vraiment notre humanité « ensemencée de divin ».
On ne l’apprend jamais seul ; Dieu lui-même est famille.

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