lundi 2 février 2015

Homélie Présentation du Seigneur 2015

Homélie Présentation du Seigneur 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Malachie 3,1-4 ; Psaume 23 ; Luc 2,22-40

« Il n’y a rien de plus jeune qu’une vieille chanson ! »

Il n’y a rien de plus jeune et de plus actuel que cette scène d’Evangile. Le vieux Syméon, l’Espérance en personne, accueillant l’avenir. Anne, 84 ans, la priante - elle évangélise avant le mot en parlant de l’enfant autour d’elle.

Joseph et Marie, étonnés, ne disant rien, rentrant à leur maison, à leur quotidien ordinaire, discret, guidé par la confiance.

Rien de plus jeune et de plus actuel que cet enfant dans les bras du vieux Syméon - la lumière, la réalisation de la promesse.

Comment ne pas laisser éclairer cette fête d’aujourd’hui ( l’offrande du Christ entraînant l’offrande des personnes consacrées ) par la jeunesse et l’actualité de cet Evangile, qui donne un relief particulier à la lettre du Pape François aux personnes consacrées.

Syméon, c’est le veilleur bien enraciné au cœur même de l’attente de son peuple. Il discerne l’espérance, la Promesse, qui sont en train de se réaliser, de prendre corps - pas dans le grandiose ni dans l’extraordinaire, mais dans la fragilité, l’humilité et l’énergie de vie d’un enfant.

Syméon tient dans ses bras - dans sa tendresse - cet avenir, il en prend soin ; c’est fragile et ça bouge. Ça le remplit de joie, lui, le vieux Syméon : à la veille de mourir, il voit naître, à ses yeux, à son cœur, un monde nouveau.

Quelle belle figure que rejoint notre propre expérience : Syméon voyait loin derrière lui, toute une histoire, un long chemin, mais il voyait encore plus loin devant, parce qu’il a su regarder l’aujourd’hui, le présent, ce couple qui arrivait au Temple avec l’enfant, tout simple. En ce présent tout ordinaire naissait et grandissait le demain.

Syméon voit ce qui est encore invisible - sauf pour Anne la priante - : tout l’invisible au-delà des murs du Temple, au-delà des remparts de Jérusalem, au-delà de ce qui nous bouche la vue.

Cueillir dans le passé l’étincelle inspiratrice de la vie consacrée, vivre le présent avec passion, le voir au-delà des apparences parfois sombres, discerner une petite lueur appelée Espérance pour se guider vers l’avenir : c’est à cette attitude intérieure que nous invite le Pape pour cette Année.

Etre des veilleurs. Dans l’obscurité de notre monde, dans l’épaisseur des complexités de tous ordres, quand on a envie de s’endormir, quand l’aube tarde à se lever, même dans l’Eglise, les veilleurs indiquent les endroits de la vie, des cœurs, des institutions, où la nuit est moins épaisse, et que c’est de ce côté-là que viendra le jour.

Les personnes consacrées sont de ceux-là. Des veilleurs - je dirais : des veilleuses, qui disent une présence, qui rassurent, qui indiquent des issues, des sorties, des directions, sans éblouir – dans ce cas on ne voit plus rien – comme l’enfant dans les bras de Syméon : il ne brille pas, il n’éblouit pas. Il est une lumière qui éclaire, même petitement. On peut éblouir, briller beaucoup, et éclairer peu.

Anne, 84 ans, le long du Temple, n’était pas « brillante » ; elle a su éclairer ceux qui, près d’elle, attendaient quelque chose, en parlant de l’enfant. « C’est peut-être Lui, cette lumière que vous cherchez et attendez. »

« L’important, c’est pas de faire nombre, mais de faire signe » - disait un évêque, faire signe qu’une lumière est parmi nous, une présence. Nous avons d’abord à l’accueillir - ce don de la lumière - il nous rendra donnant de lumière, à notre tour.

Accueillons, comme Syméon, dans nos bras, à bras le corps, dans notre cœur, avec tendresse : Jésus le Christ, lumière intérieure.

Et quelle lumière y avait-il ? Dans la tête, dans l’esprit, dans le cœur de Joseph et de Marie sur le chemin du retour, avec le petit : peut-être une petite flamme vacillante au gré de l’étonnement, des questions, de ce qui résonnait à leurs oreilles - de la part de Syméon : « Et toi, Marie, tu auras le cœur transpercé de douleur » (cf. Luc 2,35).

Ce qui a fait tenir cette petite flamme allumée, en eux, c’est la mèche trempée dans la confiance. La confiance était en eux, devant eux, qui les guidait. Comme nous avons tout à l’heur accueilli et partagé la lumière, accueillons, en cette Eucharistie, la vraie Lumière, qui éclaire tout homme : Jésus le Christ, Lumière – source de notre confiance.

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