vendredi 12 juin 2015

Homélie Sacré-Cœur 2015 -

Homélie Sacré-Cœur  2015 -
 Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Osée 11,1.3-4.8c-9 ; Cantique Isaïe 12 ; Ephésiens 3,8-12.14-19 ; Jean 19,31-37

La dévotion au cœur de Jésus a toujours été l’expression particulière de la foi en la miséricorde de Dieu, manifestée dans la vie de Jésus.

A l’époque moderne, dans les siècles derniers, cette dévotion s’est largement répandue, avec en particulier Saint Jean Eudes et Sainte Marguerite-Marie, de Paray-le-Monial.

Les Papes, depuis Léon XIII, n’ont cessé d’encourager cette dévotion, qui aujourd’hui connaît une certaine désaffection parce qu’elle est ressentie comme une expression un peu mièvre et sentimentale de la spiritualité.

Comment peut-on le dire, en lisant l’Evangile qu’on vient d’entendre, décrivant la cruauté des derniers gestes sur les crucifiés : briser les jambes des premiers, percer le côté de Jésus avec une lance ?

Avec Sainte Thérèse d’Avila, prenons au sérieux l’humanité du Christ, le cœur du Christ.

La manière d’aimer du Christ nous dit comment Dieu aime et comment nous devons aimer.

« A travers la plaie visible, nous voyons la plaie de l’amour invisible », dit Saint Bonaventure.

Dans le cœur humain transpercé de son Fils, Dieu montre qu’il est allé jusqu’au bout de l’amour et de la prise sur lui des souffrances du monde.

Dans le cœur humain de Jésus se dit en acte l’Amour de Dieu lui-même.

Dans le cœur humain de Jésus, c’est le cœur (cor en latin) de Dieu qui bat, pour nous et pour tous les miseri qui ont de la misère, ou qui sont dans la misère d’une manière ou d’une autre.

Miseri que nous sommes - corde que Dieu est - miséricorde.

« Venez à moi, je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11,29), vous trouverez la paix du cœur.

Le cœur de Jésus est toujours un lieu où nous pouvons trouver la paix du cœur dans l’agitation, les soucis, les épreuves.

« Nul ne va au Père sans passer par moi », dit Jésus (Jean 14,6).

Le cœur humain de Jésus, « homme au cœur de chair », son être tout entier, transpercé sur la croix, ce cœur qui a guéri, qui a vu, pardonné, remis debout, ressuscité, écouté, pleuré, donné, est le chemin pour comprendre et toucher du doigt - et du cœur - la miséricorde de Dieu, qui seul peut nous rendre miséricordieux à notre tour.

A notre tour, notre cœur, c’est-à-dire le centre vital de notre être, de nos choix, de nos désirs, de notre liberté, de notre amour, est un chemin - pour nous-mêmes et nos relations - vers la miséricorde et l’amour de Dieu.

« Le cœur parle au cœur » - c’était la devise du Cardinal Neewman, écrite sur son blason.

C’est pas sentimental : c’est vital.

La dévotion au Cœur Sacré de Jésus le Christ est tout le contraire d’une vague sentimentalité à l’eau de rose ; elle nous ouvre à tous ceux qui ont besoin de miséricorde autour de nous, elle est don de soi, comme le Christ qui nous aima et aima ses frères et sœurs jusqu’au bout, au bout de la lance.

Le sang et l’eau coulant du cœur du Crucifié sont devenus source de vie, de don, d’amour pour tous – ce qui est célébré dans l’Eucharistie.

Laissons-nous habiter par cette douce invitation de Paul dans la deuxième lecture :

« Que se fortifie en vous l’homme intérieur…

Restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour…
vous serez capables de comprendre quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…
ce qui surpasse tout : l’Amour du Christ. »

« Il nous aima jusqu’au bout… pour que nous aimions jusqu’au bout… »

Aucun commentaire: