dimanche 5 juillet 2015

Homélie 14e dimanche TO B 2015 -

Homélie 14e dimanche TO B  2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Ezékiel 2,2-5 ; Psaume 122 ; 2 Corinthiens 12,7-10 ; Marc 6,1-6

Jésus part en vacances ! lui aussi ! Quelques jours au pays ! Là où il a passé son enfance, sa jeunesse, là où il a travaillé avec Joseph, là où il a encore de la famille, des amis, des clients.

C’est un événement à Nazareth ! Le retour de l’enfant du pays dont on entend parler jusque dans la capitale, à Jérusalem !

Et le voilà qui prend la parole à la synagogue !

Mais l’accueil n’est pas ce qu’on aurait cru ! On aurait pu s’attendre à une réception à la salle des fêtes de Nazareth, avec discours et pot d’amitié. Au lieu de tout ça : étonnement et méfiance.

Etonnement : « Où a-t-il appris tout ça ? »

Méfiance : « Pour qui se prend-il ? On le connaît, c’est le fils de Myriam, ses frères et sœurs – c’est-à-dire cousins, cousines – sont là avec nous. On était clients chez eux ! Il est venu réparer notre toit. On a joué ensemble. On sait d’où il sort ! » … Pas si sûr !

Tous ces gens de Nazareth, les « siens » - dira Saint Jean - sont bloqués par ce qu’ils savent déjà de lui, Jésus. « Passons ! On connaît ! »

Nous aussi, on a l’impression de connaître.

Leur soi-disant connaissance ne laisse pas de place à l’inconnu, à la nouveauté, à la révélation, au mystère de la personne.

On est souvent aussi connu comme ça.

On croit connaître, en se basant sur les apparences, sur ce qu’on voit, sur le signalement extérieur comme celui d’une carte d’identité. Ça fait souvent écran, comme une belle toile cirée qui isole le dessous et l’extérieur.

Ce qui s’est passé ici pour Jésus peut se passer dans notre manière de voir, de connaître Dieu lui-même et les autres. Les idées toute faites, les préjugés, les certitudes, les « on sait », « on connaît » - sans parler bien sûr des poisons que sont les calomnies, les ragots - tout cela bloque la révélation de l’autre et l’accès à la vérité de qui il est.

On congèle, avec une étiquette, pour longtemps parfois, au-delà des dates de péremption, ce qui apparaît de l’autre.

C’est ce qui s’est passé pour Jésus, jusqu’à sa mort. « Qui donc est-il ? » Ce qui se passe pour Dieu lui-même et pour les autres.

« Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu », écrira plus tard Saint Jean (Jean 1,11). Les Evangiles sont remplis de l’étonnement, de l’admiration, de certains - surtout des gens simples ; pleins aussi de méchanceté, de critiques, d’erreurs sur la personne - surtout de la part des autorités ; pleins aussi de questions de gens qui cherchent à savoir, à connaître, à comprendre.

Ce qui poussera Jésus à poser la question : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Marc 8,29)

A Nazareth, Jésus s’étonne de ce non-accueil, et de ce manque de confiance. C’est vrai aussi que pendant ces trente années vécues au milieu d’eux, il a été pleinement l’un d’entre eux, discret, tout simple, sans signes distinctifs. « Il a pris notre condition d’hommes » (Philippiens 2,7) en tout, excepté le péché.

Aussi il faut la foi, la confiance, pour voir en lui – Jésus - plus que ce que l’on voyait jusque-là. L’autre est toujours plus, au-delà de ce qu’il peut paraître.

C’est de ce manque de foi que Jésus s’étonne, qui l’empêche de donner des signes de qui il est réellement.

On le sait bien aussi : on ne peut pas faire grand-chose quand la confiance n’y est plus, quand on vit dans la méfiance et sans la confiance.

Il a fallu beaucoup de temps à Pierre et à ses amis pour pouvoir dire : « Oui, tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Marc 16,16). Il a fallu attendre que Jésus meure sur la croix pour entendre un païen dire : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu » (Marc 15,39).

Etre croyant, c’est comme vivre : c’est un itinéraire… On va de campement en campement. Ne nous laissons pas stopper dans notre marche par les « on sait, on connaît », qui congèlent.

« Tout regard est un itinéraire vers la profondeur cachée… une recherche de l’au-delà du visible. » (Bruno Chenu)

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