dimanche 23 août 2015

Homélie 21e dimanche TO B 2015

Homélie 21e dimanche TO B  2015
  Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Josué 24,1-2a.15-17.18b ; Psaume 33 ; Ephésiens 5,21-32 ; Jean 6,60-69

« Faites le bon choix ! » Il ne s’agit pas d’un slogan commercial, ni électoral - bien choisir - mais faire le bon choix devient difficile tellement les sollicitations, les courants de pensées, les opinions, les modes de vie, les slogans, font partie de notre paysage habituel et peuvent nous écarteler intérieurement.

Quelqu’un me disait ces jours : « Je suis pris dans un tel tourbillon d’idées, d’opinions contraires, que j’ai du mal à me retrouver moi-même. » Tout choix est un chemin.

« Faites le bon choix ! » C’est ce que dit Josué au peuple dans la première lecture. « Arrêtez de zapper vers les idoles » - « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir (Josué 24,15) : le vrai Dieu, celui de vos pères, ou les dieux païens du pays où vous êtes. Vous voulez servir quel Dieu ? Celui qui vous a libérés de l’esclavage, qui vous protège, qui vous accompagne ? Ou les idoles, « ouvrages des mains humaines… qui ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, une bouche et ne parlent pas » (Psaume 113) ?

C’était tentant – ça l’est toujours- les veaux d’or, en tout genre. « Moi et les miens, dit Josué, nous voulons servir le Seigneur » (Josué 24,15). Pas facile d’affirmer ce choix dans une société où on voudrait évacuer toute référence aux valeurs religieuses !

« Faites le bon choix », dit Paul aux chrétiens d’Ephèse dans la deuxième lecture ; le choix des relations mutuelles dans l’amour, le respect, le soin de l’autre, le don de soi - comme le Christ - et non le choix de l’égoïsme, de la domination ou de la supériorité.

On se bloque toujours sur ces quatre mots : « Que les femmes soient soumises à leur mari » (Ephésiens 6,22). C’était une grande avancée pour la libération de la femme, en ce temps ou les femmes étaient en situation d’esclaves, soumises à des maîtres.

Paul dit : « Soyez soumises à votre mari – et pas à vos maîtres. » Ça change de situation et de relation ; et sur les quinze lignes de ce texte, il y en a dix pour les hommes qui doivent aimer leur femme comme leur propre corps, en prendre soin, ne pas les mépriser ; les aimer comme le Christ, c’est-à-dire dans le don de soi. Bref : « Faites le bon choix, dit Paul, celui de vous aimer réciproquement dans le don de vous-mêmes, vous êtes reliés les uns aux autres. »

« Faites le bon choix », suggère Jésus à ses proches amis, dans cet Evangile.

Il avait dit des paroles dures sur le pain vivant qu’il est lui-même, sur sa chair à manger… Beaucoup s’en retournaient et cessaient de l’accompagner. Ils ne croyaient pas que ce charpentier, qui plus est, venant de Nazareth, pouvait avoir une telle proximité avec Dieu, au point de l’appeler son Père, et de s’identifier à Lui.

Et voilà que l’hostilité des responsables religieux envers Jésus contaminait ses propres amis, jusqu’aux plus proches. « Ce serait plus prudent d’arrêter-là, se disaient-ils, de retourner au lac, de reprendre la barque… »

L’Evangile est toujours d’une grande actualité. Ce moment qui nous est rapporté ici est un des plus durs et des plus émouvants de l’Evangile : la tentation de s’en retourner, comme les amis d’Emmaüs tournant le dos à Jérusalem sur la route du retour, après la mort de Jésus.

Ne plus croire à demain, ne plus voir la suite… A ce moment, Jésus sentait bien ces sentiments dans le cœur de Pierre, de Jean et des autres : « Ils ont eux aussi envie de partir, d’arrêter. »

Jésus dit aux douze, avec beaucoup de douceur, de calme et d’émotion : « Voulez-vous partir, vous aussi ? Choisir de partir ? »

Jésus ne fait pas de chantage et ne les contraint pas : « Vous n’allez quand même pas m’abandonner ? » Il ne dit pas : « Voulez-vous rester ? », mais : « Voulez-vous partir, vous aussi ? Soyez libres… »

Cet appel à la liberté provoque le choix. Alors que beaucoup retournent à leur sécurité et à leur vérité, Pierre s’engage, avec ses amis, dans l’incertitude, vers le bon choix, celui de la vie… « Tu as les paroles de la vie… A qui irions-nous, Seigneur ? » (Jean 6,69).

Le regard appelant et le cœur aimant de l’ami de la première heure les invite à poursuivre la route, certes inconnue, mais grosse de promesse de vie.

C’est aussi notre expérience, la route de nos vies : nous retourner, nous arrêter, zapper, voir ailleurs, ne pas savoir, ne pas pouvoir choisir… C’est bien normal.

Jésus, comme Josué, comme Paul, nous invite doucement à ouvrir librement, paisiblement et patiemment des chemins vers la vie, vers le don de soi, vers l’amour, vers l’Evangile - « A qui irions-nous, Seigneur ? Tu as les paroles de la Vie » - vers le Dieu vivant et vrai, et les vraies valeurs – un chemin de liberté.

Aucun commentaire: