dimanche 6 septembre 2015

Homélie 23e dimanche TO B 2015 -

Homélie 23e dimanche TO B  2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Isaïe 35,4-7a ; Psaume 145 ; Jacques 2,1-5 ; Marc 7,31-37
 

Une petite boîte dans sa poche ou dans son sac, un petit click et on peut s’entendre, se parler, s’écrire, se lire et se voir au bout du monde, …ou dans la maison d’à côté.

« Avec nos horaires - me disaient des amis cette semaine - on n’a même plus le temps de se parler. On se laisse des petits bouts de papier sur la table, ou de petits textos : « N’oublie pas ceci… Pense à récupérer le petit, etc. »

Et combien de fois ne dit-on pas : « Tu ne m’écoutes pas. » « Tiens ! Tu ne parles pas ! »

On a beau être super-connectés, ce n’est pas le tout – ni même l’essentiel – des relations.

Des gens amènent à Jésus un sourd ayant des difficultés à parler : un fort handicap pour communiquer.

Jésus accueille cet homme, il l’emmène à l’écart ; un comble, lui qui était déjà à l’écart et loin des gens par son handicap !

Jésus prend de la distance avec ceux qui sont avides de sensationnel et d’extraordinaire. L’extraordinaire, dans l’Evangile et la foi, passe toujours dans l’ordinaire.

A l’écart, Jésus, seul avec cet homme, fait des gestes humains, du toucher de Dieu sur les endroits de la souffrance et de l’isolement. Il met ses doigts dans les oreilles, touche la langue avec sa salive ; les gestes réalistes du contact humain et du divin. Il ne suffit pas de parler pour guérir.

Après avoir levé les yeux au ciel, dans un appel à la bonté du Père, une parole forte sort du cœur de Jésus, un mot venu de sa langue maternelle, du profond du terroir humain : « Effata ! » (Marc 7,34) - que Saint Marc se croit obligé de traduire : « Ouvre-toi ! »

Cet homme entend et parle correctement. Il ne s’agit pas seulement de la guérison physique, et aujourd’hui il y a de bons appareils pour mieux entendre et de bons orthophonistes pour mieux parler.

Les plus grandes surdités sont celles du cœur.

Le plus grand mutisme est celui du cœur.

Jésus ne dit pas : « Que tes oreilles s’ouvrent, que ta langue se délie ! » - mais : « Ouvre-toi, ton cœur, tout ce que tu es ! » Il ne dit pas non plus : « Moi, je t’ouvre les oreilles et je délie ta langue ! » - mais : « Ouvre-toi, c’est à toi de t’ouvrir, d’ouvrir tes surdités et tes mutismes qui t’empêchent d’entendre et de parler des paroles du cœur ! Avec ma main et ma salive, les mêmes qui sont à l’origine de la création de l’humain, tu retrouves une parole créatrice et bonne et tu peux entendre et communiquer vraiment. »

Que s’ouvre dans nos cœurs ce que des blessures ont fermé !

Que nos paroles soient des paroles qui parlent ! - « parce qu’elles disent ce que Dieu, par l’Esprit, souffle au plus profond de nous-mêmes » – on l’a chanté au début.

Paul Claudel écrit : « A quoi sert le meilleur de nous-mêmes, de la grâce de Dieu, s’il reste enfermé en nous ? »

Cette semaine, le Pape François nous a offert et a offert à l’Eglise un beau témoignage de cet « Effata – ouvre-toi » en accueillant Monseigneur Gaillot : « Nous sommes des frères ! »

J’ai eu Monseigneur Gaillot au téléphone depuis. L’accueil et les paroles du Pape François, sa bonté, ont vraiment été une ouverture contre l’isolement et l’exclusion.

« Eglise, Effata ! »

Cet « Effata – ouvre-toi ! » a été dit sur nous à notre Baptême, par le prêtre qui a touché nos yeux, nos oreilles, nos lèvres, notre tête et notre cœur. A nous de faire que la puissance de cette paroles et de ces gestes soit toujours actuelle, dans nos vies de baptisés.

Si jamais personne ne nous avait touchés, nous serions infirmes,

si jamais personne ne nous avait parlé, nous serions des muets,
si jamais personne ne nous avait souri et regardés, nous serions des aveugles,
si jamais personne ne nous avait aimés, nous ne serions personne. » (Père Baudiquey)

Laissons-nous toucher, guérir et aimer par Dieu, pour qu’à notre tour nous puissions aimer et guérir !

Effata – ouvre-toi !

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