dimanche 1 novembre 2015

Homélie Toussaint 2015 -

Homélie Toussaint 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Apocalypse 7,2-4.9-14 ; Psaume 23 ; 1 Jean 3,1-3 ; Matthieu 5,1-12a

Bonjour Tristesse ! Ou bonjour Espérance !? En cette fête de la Toussaint, ces deux sentiments sont sans doute mêlés dans notre esprit et dans notre cœur. Ces jours ravivent des souvenirs, des questions, un peu de mélancolie.

« J’aime pas ce jours », me disait quelqu’un hier ; et une autre personne ajoutait : « Ça nous fait réfléchir à notre vie, et c’est bien qu’on ait l’occasion de penser à l’essentiel. »

La liturgie de cette fête de Toussaint ouvre la porte sur : « Bonjour Espérance » - ouverture sur notre destinée finale et celle de notre monde - un avenir promis, déjà là maintenant et ici, promesse à accueillir et à mettre en œuvre.

La première lecture nous indique le terme de cet avenir. Saint Jean voit une foule immense, de partout, des gens de toutes conditions, de toutes nations, de toutes langues, vêtus de blanc : revêtus de lumière après la grisaille et les brouillards de la vie ; ils se tiennent debout devant le Dieu vivant. Debout : l’attitude du Vivant, du Ressuscité. Relevés de ce qui les a écrasés et mis à terre à un moment ou à un autre, d’une manière ou de l’autre ; debout, relevés de la mort. Mais d’où viennent-ils ? Ils viennent de « la grande épreuve » (Apocalypse7,14), celle de la vie. Ils ont traversé par gros temps et moments calmes et paisibles (comme dans la Transat naviguant vers le Brésil).

Dans cette foule immense, nous en connaissons et reconnaissons, de ces visages, de nos proches, de nos familles, de nos amis - Bonjour Espérance ! Nous croyons, dans notre foi, qu’ils n’ont pas sombré à tout jamais dans cette traversée. Pour eux comme pour nous, se réalise une promesse qui habitait leur vie, leur cœur, même s’ils ne le savaient pas.

Une promesse, comme un germe qui grandit malgré l’hiver, comme une source qui se fraie un passage dans les pierres et la terre sèche de nos cœurs ; une promesse chuchotée comme un secret à partager : le GPS intérieur qui indique l’arrivée de cette traversée et le chemin qui y conduit, plus sûrement que nos GPS de voiture.

« Heureux serez-vous si vous… »

« Heureux êtes-vous quand vous… »

Jésus, dans l’Evangile d’aujourd’hui, nous montre un chemin - plutôt un sentier, pas une autoroute ! Sentier parfois difficile à marcher, mais sur lequel on peut être un peu - ou beaucoup – heureux, et qui conduit à cette plénitude de vie et de bonheur qui sont bien sûr en avant de nous, mais qui dès maintenant soufflent sur nos vie pour les apaiser, les aérer, leur donner le bon air d’un bonheur !

« Heureux », dit Jésus - non pas parce que vous êtes malheureux maintenant – ce n’est pas du tout dans le désir ni dans le cœur de Dieu que nous soyons malheureux… on sait faire. « Heureux quand vous imprimez en vous quelques traces du visage et du cœur de Dieu » - c’est pour ça que nous sommes faits : être des consolateurs et être poreux aux autres.

Qui n’a pas, caché dans un coin de lui-même, quelques raisons de pleurer… « Heureux ceux qui pleurent » - on ne voit bien, souvent, qu’avec des yeux qui ont pleuré.

« Heureux les doux » - pas les mous : les démineurs de violence par la bonté et la douceur. Qui peut dire qu’il n’a jamais souffert de la méchanceté ?

« Heureux les miséricordieux » - les faiseurs de paix, de justice ; les raccommodeurs, rapiéceurs, réparateurs d’existence déchirée et déniapée par la bêtise ou les événements de la vie.

Il y a du bonheur à ne pas se prendre pour le nombril du monde, à avoir le cœur gros de la peine des autres.

« Heureux êtes-vous » - un jour, déjà maintenant.

« Heureux serez-vous totalement à l’arrivée, si vous prenez ce sentier, dit Jésus, qui conduit au vrai bonheur, à la vraie vie. » Il a pris départ dans l’Amour, il conduit à l’Amour, il passe par l’amour.

Ceux, celles, que nous fêtons aujourd’hui, qu’ils soient au calendrier ou pas, sont déjà arrivés : ils ont fait ce bout de sentier, à leur manière, parfois sans savoir où ça les mènerait.

Avec un secret dans le cœur, qu’il nous partage maintenant, Jésus, voyant les foules, gravit la montagne. Il s’assit. Il disait : « Heureux, vous qui prenez le sentier de l’Amour, c’est celui du Bonheur ! C’est celui de Dieu qui vous attend ! »

Toussaint : Bonjour Espérance !

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