dimanche 13 décembre 2015

Homélie 3e dimanche Avent C 2015 -

Homélie 3e dimanche Avent C 2015 -
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

Sophonie 3,14-18a ; Cantique Isaïe 12 ; Philippiens 4,4-7 ; Luc 3,10-18

Avec toutes les communautés chrétiennes du monde, aujourd’hui, répondons joyeusement à l’invitation du Pape François. Entrons dans une Année Sainte, une année de Jubilé de la Miséricorde, ouvrons tout grand la porte de notre cœur.

Année Sainte – temps favorable pour raviver en nous le don de l’Amour que Dieu nous fait, et pour le redonner.

Année de Jubilé - temps favorable de remise à zéro des compteurs, des fautes, des peines, de ce qui grippe les relations avec Dieu, avec les autres, avec nous-mêmes.

Année de miséricorde - temps favorable pour goûter un baume et une bouffée de tendresse dans la dureté de nos existences et de notre monde.

Année de renouveau spirituel « pour que le témoignage rendu par les croyants soit plus fort et plus efficace », dit le Pape François.

Toutes ces insistances ne sont pas particulières à une année précise. C’est tout le temps, toutes les années et tous les jours que nous avons à être « miséricordieux comme notre Père est miséricordieux. »

« C’est vrai, dit François, mais il y a des moments où nous sommes appelés de façon plus urgente à vivre et à témoigner de cet amour infini de Dieu. »

C’est le cas de notre temps. Notre temps est dur, un « temps de brutes », me disait encore hier quelqu’un « en galère » ! « Ce temps a besoin de tendresse, de miséricorde », dit le Pape. Ce qui ne veut pas dire, de médiocrité, de faiblesse, de laisser tout faire, de gnangnan gélatineux à la recette du « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, alléluia. » Avoir besoin de miséricorde, mais pas d’une certaine « condescendance de pitié », de ceux qui se croient indemnes de tout besoin de pardon.

La miséricorde n’est pas un gommage de la justice et de la vérité : elle est une force, une énergie intérieure, qui a sa source dans la toute-puissance de Dieu, une « toute-puissance » qui consiste justement à faire miséricorde, parce qu’elle est toute-puissance d’amour.

La Miséricorde, c’est le nom de Dieu, sa carte d’identité, son être, sa qualité première, qui se manifeste dès l’origine et au cours de l’histoire humaine, cœur et manière de faire de Dieu rendus visibles dans et par Jésus de Nazareth, le Christ – et par nous aujourd’hui.

« Miséricorde, force de révolution de la tendresse pour notre temps », dit encore François.

Notre temps est dur – non seulement par les attentats, la guerre et la violence ; nous le rendons dur aussi par les situations sociales, familiales, économiques, politiques, aussi dans nos relations toutes proches de notre quotidien – peut-être dans une Communauté religieuse…

Hier, à 11 heures, alors que j’essayais d’écrire ces quelques pauvres lignes, mesurant à la fois la difficulté et la nécessité, l’enjeu, de donner écho à ce message essentiel, vital, qui nous est adressé aujourd’hui, je décrochai le téléphone m’annonçant que dans une famille amie très proche, le papa, 50 ans, venait de se donner la mort : soucis de boulot, de santé, fatigue… mystère et secret de chaque personne, drame des proches… On se sent bien démuni et petit.

J’avais en même temps sous les yeux ces lignes du Pape François annonçant cette année de Miséricorde : « Il y a des moments où nous sommes appelés de façon encore plus pressante à fixer notre regard sur la miséricorde, afin de devenir nous aussi signes efficaces de l’agir du Père miséricordieux. » Pour les « miseri » qui ont besoin de soin, de compassion, de toutes sortes – « cord – cordis » : un cœur qui bat, qui agit, qui fait vivre, qui aime : c’est le cœur de Dieu.

Notre cœur est à son image et à sa ressemblance.

« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. »

« Heureux les miséricordieux » + chaque jour, cette année et toujours, au quotidien.

C’est une source de joie et de paix intérieure.

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