lundi 11 avril 2016

Homélie 3e Dimanche de Pâques

Homélie 3e Dimanche de Pâques
Carmel de Saint-Maur- P. Maurice boisson

Textes: Ac 5, 27b-32.40b-41; Ps 29; Ap 5, 11-14; Jn 21, 1-19
« La vie continue ! Il faut bien s’y remettre, repartir… Espérons que ça va aller ! » C’est ce que me disaient, cette semaine, des amis qui venaient de vivre des événements douloureux et difficiles. La vie continue ! Faut bien !

C’est ce qu’ont fait les amis de Jésus après les évènements tragiques de la Passion et de la mort. Ceux qui allaient  à Emmaüs tournant le dos à Jérusalem, ils repartaient. Pierre et quelques amis reprennent le boulot, le métier, la barque, les filets, la pêche. « Je m’en vais à la pêche, dit Pierre, on y va  avec toi !

Mais en 3 ans, ils avaient un peu perdu la main nos pêcheurs ! Apres toute une nuit de travail, ils rentrent bredouilles, rien dans les filets. Au petit matin, sur la plage, un inconnu est là. Il leur indique un endroit où jeter les filets… allez-y, à droite ! et ça marche. Revenons sur le rivage, ils voient un feu, du poisson, et du pain… « Venez, mangez »… Ils comprennent que cet inconnu, c’est Jésus. Il les rejoint, il les attend, quand le jour se lève. Comme au matin de Pâques ; il est avec eux dans leurs soucis, leurs échecs, leur désir de s’y remettre. Il leur donne à manger, gestes simples de la vie… Les amis retrouvent une présence qu’ils croyaient disparue… dans un tombeau… C’est le Seigneur ! »

La présence du Christ ressuscité ne nous fait jamais défaut ! Même quand on est dans la nuit, bredouilles, que ça ne marche pas. Peut-être que c’est nous qui ne sommes pas au rendez-vous du jour qui se lève. Peut-être que, trop sûrs de nous-mêmes, comme ces « pros » de la pêche qui croient encore connaître les endroits, nous ne faisons pas assez confiance à celui qui nous indique d’autres endroits… « Jetez le filet à droite de la barque. » c’est la grâce, le cadeau de Pâques, jamais périmé, toujours frais. La Présence du Ressuscité nous rejoint, nous attend, nous prépare de quoi nous réchauffer, de quoi manger, reprendre des forces intérieures, pour que la vie continue,… lui qui est le Vivant, la Vie… « Jetez à nouveau… et encore… le filet, faites confiance. »

La grâce et le cadeau de Pâques, c’est que non seulement Jésus est ressuscité ; par l’amour du Père, mais il nous ressuscite nous-mêmes au cœur de nos échecs et de nos déceptions, de nos attentes, de nos désirs, comme nos amis d’Emmaüs, au cœur même de nos pleurs, comme Marie-Madeleine, au Cœur même de nos reniements, comme Pierre, au cœur même de nos doutes et de nos difficultés à croire, comme Thomas, au cœur même de nos violences, comme Paul. Le Christ ressuscité nous ressuscite en permanence, si, bien sûr, nous y consentons, si nous acceptons avec confiance de jeter à nouveau le filet, non pas tous azimuts, et nerveusement, mais à l’endroit de nous-mêmes où il nous invite a le jeter.

Le Christ ressuscité nous ressuscite dans ce qu’il y a de plus profond en nous… justement ! après cette grillade sur la plage, Jésus prend à part saint Pierre… les deux marchent côte à côte sur le sable. Comme à la première rencontre, au bord du même lac. Dans la douceur de l‘amitié retrouvée, une question pénètre le cœur de Pierre : « M’aimes-tu ? d’un amour total, prêt à tout pour moi ? Seigneur, tu sais que je t’aime. Mais Pierre n’emploie pas le même verbe que Jésus. C’est plus modeste et plus humble, après ce qui lui est arrivé. Oui, Seigneur, je t’aime, même si je ne suis peut-être pas encore en mesure et capable de t’aimer totalement, jusqu’au bout ! Dans une connivence intérieure, nos deux marcheurs sur le sable se souviennent du coq, du regard de Jésus qui a désarmé la tempête intérieure risquant d’engloutir Pierre dans le désespoir… Ils se souviennent des larmes de Pierre… des larmes amères. Il avait pleuré amèrement ! Ces larmes ont sauvé Pierre, lui permettant de dire doucement : je t’aime, Seigneur ; elles permettent à Jésus de confier à Pierre la plus importante responsabilité ; dans la confiance et l’amour redonné… être le guide, le pasteur, le serviteur, de ceux qui croiront à  Jésus ressuscité.

Le Christ ressuscité  nous ressuscite, où que nous en soyons, il ne cesse de Re-susciter, de susciter ; de nouveaux départs, de nouveaux pas, de nouveaux relèvements,… de nouvelles pêches ! Depuis le matin du tombeau vide, depuis cette présence du ressuscité ; sur nos rivages, au lever du Jour, nous savons que tout est grâce, que tout peut, être grâce !

 

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