dimanche 15 janvier 2017

Homélie 2ème dimanche A Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson



Homélie 2ème dimanche A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson  
 
            La neige est là ! Noël est passé ! Cette semaine a vu disparaître les guirlandes lumineuses, les décorations, les sapins, les crèches, et même certains cadeaux… Les fêtes sont finies, comme on dit. La vie continue, le quotidien, l’ordinaire…

            La liturgie, elle-même, nous fait passer au vert, - à la couleur verte - évoquant le quotidien, non pas fait de grisaille, mais marqué d’une discrète teinte intérieure d’espérance.
Notre manière de vivre le quotidien prépare notre avenir. La Parole de Dieu de ce 2ème dimanche du temps ordinaire nous invite à vivre ce temps comme un chemin qui nous mène vers notre terre promise. Le quotidien, c’est ce qui fait le plus gros, le plus long de notre existence, rythmée et nourrie par les fêtes et les dimanches, qui deviennent peu à peu, et c’est dommage, des jours ordinaires, comme les autres.

            En évoquant le baptême de Jésus par Jean-Baptiste, l’Évangile nous réaffirme la présence discrète mais réelle de Dieu parmi nous. « Il a établi parmi nous sa demeure » c’est le verset de l’Alleluia.
Cet homme, Jésus, prenant la file comme tout le monde pour se faire baptiser : personne ne le connaissait, ni les prêtres, ni les notables, ni le peuple… « Moi non plus » dit Jean le baptiseur. Il dira plus tard : « Il y a quelqu’un au milieu de vous que vous ne connaissez pas » : c’est l’apparence trompeuse du quotidien et de l’ordinaire qui nous fait croire que ce n’est que banalité, sans importance. « Dieu venu habiter parmi nous », c’est bien pour Noël mais dans la pauvre banalité quotidienne où l’on essaie de se dépêtrer comme on peut « au ras des pâquerettes », Dieu a sans doute autre chose à faire qu’à être là ! Mais non, justement, c’est là qu’il est !

            Plongé dans l’eau du Jourdain, comme tout le monde, c’est dans notre humanité, dans nos existences, dans la vie du monde qu’il est immergé. Lui, l’Agneau de Paix, l’Agneau de Dieu, pour enlever la « mauvaiseté » du monde et de son quotidien.
            Prenant la file de ceux qui se présentaient à Jean-Baptiste, Jésus vient de son quotidien, de son village, de sa famille, de son atelier, il vient avec sa tunique, sur laquelle il restait peut-être un peu de sciure de bois.

            « C’est lui le Fils de Dieu » dit Saint Jean. Un signe lui fait le reconnaître : une colombe, indiquant l’Esprit de Dieu, la vie, la paix, la lumière, la bonté. Dieu, en Jésus, par l’Esprit Saint, « est là au coeur de nos vies », dans notre ordinaire, dans notre quotidien, apportant comme la colombe à Noé, au déluge, un brin d’olivier indiquant l’espérance, la fin du déluge, parce que la vie est toujours là, à renaître, malgré le mal… C’est à nous, aujourd’hui, d’être comme la colombe, le signe que la paix revient, que la vie est toujours là,  que l’eau du mal se retire. Signe, comme la colombe, dans ce quotidien de la vie, marqué par ce qui peut « pourrir la vie » comme on dit, abimer la relation, contaminer l’existence toute ordinaire… La présence de Dieu, dans la vie quotidienne, au contraire, fait que ce quotidien devient du Divin, si nous y consentons.  Nous entendrons dans la Préface : «  Dans cette existence de chaque jour que nous recevons de ta grâce, la vie éternelle est déjà commencée. »

            C’est dans l’ordinaire, le quotidien, que se passe l’extraordinaire… C’est là que Dieu se donne à rencontrer… C’est là qu’il nous demande de fleurir, là où nous sommes plantés : dans notre existence de chaque jour.

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