dimanche 12 février 2017

Homélie 6ème dimanche du temps ordinaire Année A



Homélie 6ème dimanche du temps ordinaire Année A
Carmel de  Saint-Maur  - Père Maurice BOISSON

             Il est de bonne plaisanterie encore aujourd’hui, de dire ou d’entendre : Oh ! Moi, j’ai pas tué, j’ai pas volé !  sous-entendu : Le reste, c’est pas grave … ». Mais encore…
            Il a été dit : Tu ne tueras pas ! Mais moi, Jésus, je vous dis  tu ne te mettras pas en colère contre ton frère… (ou ta sœur). Tu ne l’insulteras pas… tu ne le traiteras pas de fou (tête vide), sinon tu es passible de l’enfer ! Rien que ça ! Cette insulte de « tête vide » (fou) était tout à fait banale et anodine au temps de Jésus… Mériter l’enfer pour ça ! Alors qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat, dirons-nous. Bien sûr, on irait tous en enfer. Ce que nous dit Jésus : Il ne s’agit pas seulement d’être en règle avec une observance extérieure des commandements. « D’accord, je n’ai pas tué physiquement quelqu’un. Alors on est en règle avec  le  tu ne tueras pas ».
            Jésus nous pousse toujours plus loin dans nos manières d’être en relation avec les autres. Tu ne tueras pas, bien sûr, mais tu aimeras. On t’a dit tu ne tueras pas, moi je te dis : si tu te laisses aller à la colère, à la violence verbale ou physique, tu tues la relation, tu provoques des ruptures, des haines qui vont s’enchaîner. Tu refuses l’existence de l’autre. C’est une façon, non physique, de tuer. La manière dont le Christ nous invite à nous comporter – à la chrétienne – nous entraine plus loin qu’une observation extérieure des règles du vivre ensemble. Il nous propose des moyens de ne pas enclencher ni alimenter un processus, une spirale de violence, en agissant sur nous-mêmes. C’est en nous-mêmes que nous pouvons tuer la violence en germe.

            A tord ou à raison, poursuit Jésus, si ton frère ou ta sœur a quelque chose contre toi, il y a un germe de destruction en chacun, en celui qui subit et en celui qui agit. Alors il est plus urgent d’éliminer ces germes par la discussion et la réconciliation… que d’aller présenter ton offrande à l’autel. Autrement dit, c’est plus urgent, ça presse plus que d’aller faire tes prières. Dans ces 5 lignes de l’Evangile le mot de frère est cité 4 fois, ce qui souligne la gravité et l’importance de ces paroles.
            Parlant aussi des relations homme et femme, Jésus nous pousse aussi plus loin que le commandement tu ne commettras pas d’adultère. Il nous parle de notre regard comme expression de ce qui se passe dans notre cœur. Quel regard portes-tu sur l’autre ? Ce qu’il y a dans ton cœur, d’envie, de désir, te pousses à regarder l’autre comme pour le posséder alors qu’il (elle) ne t’appartient pas…
            J’ai pas tué, j’ai pas volé …  c’est dans notre cœur que les choses se passent d’abord. Nos manières d’être, de vivre, d’être en relation, sont l’expression de notre disposition intérieure. Notre cœur, la centrale de notre être, a besoin d’être toujours mise à jour sur le logiciel de l’amour, celui de Dieu. C’est de là que s’expriment nos attitudes, notre regard, nos actes, nos pensées…
            On peut résumer cet Evangile avec saint Augustin : Aimes et fais ce que tu veux. Aimer est la racine du comportement moral selon le Christ. Aimes et fais ce que tu veux, parce que si tu aimes vraiment, tu ne feras pas n’importe quoi. Tu feras ce que dit Celui que tu aimes. Moi, je vous dis.

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