dimanche 5 février 2017

Homélie du 5ème dimanche TO A



Homélie du 5ème dimanche TO A
Carmel de Saint-Maur - Père Maurice Boisson

            Il n'y a guère de repas sans que quelqu'un ne dise : " Pourriez-vous me passer le sel, s'il-vous-plaît ?" il n'y a guère de jours sombres et gris en hiver, sans que quelqu'un ne réclame le soleil et la lumière.
            Sel et lumière, 2 éléments bien nécessaires à la vie. Jésus en fait l'identité des chrétiens. C'est notre Évangile : "Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde." C'est notre identité. Il ne dit pas " Efforcez-vous de devenir comme le sel et la lumière". Il dit ce que nous sommes : sel et lumière.

            Donner du goût, mettre en valeur ce qui est dans l’obscurité : ce sont les propriétés du sel et de la lumière. Sans sel, c'est fade; sans éclairage, c'est sombre.

            Le sel donne du goût à condition qu'il soit dans la soupe et qu'il ne reste pas dans la salière. La lumière éclaire à condition que la lampe ne reste pas dans la poche ou dans le sac à main. Nous sommes sel et lumière si nous sommes au coeur de la vie des gens. Il suffit d'une pincée de sel pour relever un met, d'une petite lueur de briquet pour se repérer.

            Être sel et lumière, c'est donner du goût à la vie, de la saveur, de l'éclairage, du sens, du but, de la bonté, pas du saupoudrage naïf, ni un coup passager de projecteur en couleurs. Au coeur des situations, de l'existence, il y a des germes de bonté, de beauté, de fraternité au quotidien, qui font aimer le goût de la vie et que la violence n'a pas le droit de nous voler.

            À quoi sert le meilleur parfum, s'il reste dan un flacon bien fermé, même si le flacon est beau ?

            Le sel conserve, la lumière évite de rester enfermé et d’avoir peur. Il n'y avait ni congélateur, ni frigo, on avait un saloir à la maison où l'on conservait les aliments pour ne pas qu'ils s'abîment. Et quand on était en panne de courant, on allumait des bougies pour que la vie continue. Jésus ne nous dit pas que nous sommes des conservateurs comme le sel, ni de gros spots éblouissants. Nous avons à garder la fraîcheur, la qualité, les valeurs de l'Évangile, la clarté et la bonté de la vie ensemble, tout ce qui n'a pas de date de péremption pour le bien de tous.

            Autrefois, quand le feu de la cheminée commençait à baisser, on jetait une poignée de sel. La flamme repartait. Vous ne croyez pas que l'on a besoin de quelques poignées de sel pour faire repartir notre feu intérieur ? Un peu d'espérance ? Que l'on a besoin que s'allume une "présence", c'est le nom de la lampe. Quand la nuit tombe et que l'on ne trouve pas la porte, en nous-mêmes, dans notre société. "Rallume en toi le don de Dieu " dit Paul à son compagnon.
            Le sel, il en faut un peu pour qu'il soit efficace : une pincée suffit, pourvu qu'il ne soit pas à côté de l'assiette. La lumière, si elle est trop forte, elle aveugle alors qu’elle est faite pour éclairer. On peut éblouir beaucoup et éclairer peu.

            "Vous êtes le sel, vous êtes la lumière" : être au bon endroit, au bon moment, pour donner, redonner goût à celui, à ceux qui n'ont plus de goût. Ça peut être nous, être au bon moment, au bon endroit, quand il y a besoin, pour éclairer le passage, indiquer l'issue, rassurer…  Ce peut être nous...
            "Vous êtes le sel et la lumière. »
« Vous êtes » : ce n'est pas seulement un pluriel de politesse, ce n'est pas seulement chacun, chacune, individuellement, qui sommes sel et lumière. Nous le sommes ensemble. Une communauté paroissiale : sel et lumière. Une communauté religieuse : sel et lumière. Une Église diocésaine, l'Église : sel et lumière, comme s'efforce de le faire le Pape François et d’autres…

            À quoi reconnaît-on que nous sommes sel et lumière ?
C'est la dernière ligne de cet Évangile : "En voyant ce que vous faites de bien", à nos actes, à nos bonnes actions, à nos manières d'être avec les autres, et pas d'abord à nos belles paroles. Le sel, c'est concret. La lumière, c'est concret. Le sel, c'est simple. La lumière, bougie, veilleuse ou projecteur, c'est simple. Jésus ne nous demande pas d'être des lumières mais des reflets simples et réels de la Lumière, « qui en venant en ce monde éclaire tout homme » : le Christ. (Jn1,9)

            En salant la nourriture, sauf si on est au régime, pensons à apporter un peu de saveur, de goût à la vie quotidienne. En allumant la lumière dans nos maisons,  pensons à mettre un peu de lumière dans le quotidien de la vie avec ceux avec qui nous vivons. Nous en avons tellement besoin !

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