dimanche 26 février 2017

Homélie du 8ème Dimanche TO A



Homélie du 8ème Dimanche TO A
Père Maurice BOISSON  - Carmel de Saint-Maur
 
            Voilà encore un dimanche où la parole de l’Évangile nous provoque, nous déroute… et peut-être nous fait du bien. Il s’agit de notre attitude devant l’argent et les biens matériels.
            « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent ». « Ne vous faites donc pas tant de soucis pour demain. » « Ne dites pas : « Qu’allons-nous manger ? » »… Heureusement, néanmoins, que quelqu’un a prévu et préparé le repas pour tout à l’heure ! La vie est faite le plus souvent de soucis, qu’on appelle matériels : le travail, l’emploi, l’entreprise, l’exploitation agricole, la famille, l’âge de la vieillesse, la petite retraite, etc…
            S’il ne faut pas servir l’argent, il faut bien qu’il nous serve; « il en faut ! » comme on dit ! D’ailleurs, l’Évangile nous dit aussi que l’équipe de Jésus avait un porte-monnaie… Même que Judas tapait dedans ! Jésus, lui-même, a un métier : il est artisan sur bois. Il a eu des clients, des fournisseurs… même si c’était moins compliqué qu’aujourd’hui, il fallait bien quand même faire les affaires. Par contre, on connaît aussi les méfaits du pouvoir de l’argent et de l’avidité.

            Par ses Paroles, sur quoi Jésus veut-il attirer notre attention dans notre rapport aux biens matériels et à l’argent ?

            Jésus ne condamne pas l’argent. Il ne pousse pas à l’insouciance, ni à la paresse, ni à la naïveté. Il ne dit pas de ne pas prévoir, ni de ne pas faire fructifier nos bien (c’est l’histoire des talents). Il pose la même question que celles des dimanches précédents sur les relations et le vivre-ensemble : Qu’est-ce qu’il y a dans ton coeur ? Dans ton esprit ? Dans tes intentions ? Quand tu es devant des questions d’argent, de biens, de possession, ou de pauvreté, de manque ? Qu’est-ce qui, pour toi, est essentiel ? Qu’est-ce que tu mets en premier dans ta vie ? Est-ce que tu te laisses prendre - un peu, beaucoup, trop - par la recherche toujours plus forte des biens matériels, au point de perdre de vue les biens les plus précieux de ta vie, de tes relations, du bonheur simple, de l’attention aux autres ?

            LA tentation est réelle de nous laisser accaparer par un attachement toujours plus fort aux biens, à l’argent, à ce qu’ils représentent et qui finissent par nous attacher, nous lier, nous asservir à eux.  C’est vrai aussi, en ayant trop peu, ce sont les soucis qui accaparent et qui pèsent sur la vie familiale, personnelle, professionnelle : les soucis du lendemain, ou des mois qui viennent, les échéances etc… Soucis qui peuvent venir du trop ou du trop peu mais dans les deux situations peuvent empêcher une qualité de vie.

            L’Évangile met en garde contre tout asservissement par l’argent et ce que représentent l’argent et les biens; asservissement qui risque de faire des dégâts dans les personne et dans la société. Cet Évangile apporte une lumière à chacun dans la situation qui est la sienne : chef d’entreprise ou carmélite, agriculteur ou prêtre retraité… Les situations sont différentes mais chacun reçoit cette lumière de l’Évangile : qu’est-ce que tu essaies de mettre en premier ? L’Évangile ne demande à personne de vivre dans la misère, il demande même de la combattre, la misère. Il demande à ceux qui vivent dans l’opulence de ne pas en faire le tout de leur vie.

            La clé est dans le coeur, dans l’intérieur, dans les intentions et les actes de chacun. Elle est aussi dans le fonctionnement et les structures de la société. L’Évangile n’est jamais déconnecté de nos situations. Il nous invite à garder les pieds sur terre, dans ce que nous avons à faire, concrètement, à tourner notre tête vers le haut, vers les vrais biens, les vraies valeurs et vers notre destinée finale… les mains ouvertes à autres qu’à nous-mêmes et à nos biens fragiles et illusoires, le coeur libre de tout asservissement à quelque possession que ce soit (avoir, pouvoir, savoir). Il nous invite à garder la maîtrise sur les choses et les biens matériels afin que ce ne soit pas les biens qui aient le pouvoir sur nous, que ce ne soit pas l’argent qui ait le pouvoir absolu au détriment de l’Homme.

            La toile de fond de cet Évangile, c’est la confiance. Le frère Aloïs, prieur de Taizé dit de la confiance : « Elle n’est pas une naïveté aveugle, elle n’est pas un mot facile, elle provient d’un choix, elle est le fruit d’un combat intérieur. Chaque jour, nous sommes appelés à refaire le chemin de l’inquiétude à la confiance. »

« À chaque jour suffit sa peine ! »

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