dimanche 18 juin 2017

Homélie de la fête du Corps et du Sang du Christ – Année A Carmel de Saint-Maur –


Homélie de la fête du Corps et du Sang du Christ – Année A
Carmel de Saint-Maur – Père Maurice Boisson


Un récent sondage montre que les français aiment bien parler de ce qu’ils mangent, de ce qu’ils ont mangé, de ce qu’ils vont manger… Le repas et la nourriture tiennent une place importante dans la vie, on fait plus attention à ce qu’on mange et les repas favorisent convivialité et vie ensemble. Ce n’est pas pareil de manger un sandwich seul dans un hall de gare, que de participer à un repas de fête en famille ou entre amis.
            Ce n’est pas étonnant que dans la Bible, les repas aient une grande importance, il s’agit même de festins, pour célébrer les évènements humains ou religieux ou pour évoquer ce que sera le Ciel ! Ce n’est pas étonnant que Jésus ait eu le souci de donner à manger aux gens qui l’écoutaient, de réunir ses amis autour d’un repas pour leur donner son testament, son message essentiel. C’est au cours de ce repas d’adieu qu’il s’est fait lui-même nourriture. « Ceci est mon corps livré, ceci est mon sang versé, prenez, mangez et buvez-en tous. » Le don de l’Amour devenait nourriture.

            Cette fête du corps livré et du sang versé du Christ nous rappelle que la nourriture matérielle, aussi indispensable qu’elle soit ne suffit pas. On ne vit pas que d’amour et d’eau fraiche. On ne vit pas que de nourriture et de biens matériels. C’est tout notre être qui a besoin d’être nourri. Nous sommes un tout : chair, esprit, sentiments, relations, pensées ; sang et raison, décisions… C’est tout nous même et ce que nous sommes qui a besoin d’être nourri, fortifié, vitaminé, hydraté… Sinon, une part de nous-mêmes, et souvent la meilleur, se dénutrie, s’affaiblit, et peut se scléroser. C’était une ruse du démon au désert, quand il s’est approché de Jésus qui avait faim : « Tu vois, toutes ces pierres, tu peux en faire des pains. » « On ne vit pas seulement de pain », répond Jésus, nous avons besoin d’autre nourriture pour exister vraiment.

Hélàs, aujourd’hui encore, alors qu’on est capable de traverser les univers, une part importante de l’humanité manque de nourriture. Mais aussi, à l’époque où l’on a jamais été aussi forts sur les techniques, les sciences, les découvertes, on connaît un déficit de nourritures spirituelles, du coeur, de l’esprit, des valeurs humaines fondamentales. On sent ce besoin de se « ressourcer », de refaire ses forces intérieures, de se sentir mieux dans tout son être. C’est un des messages de l’évangile de cette fête. « Moi, je suis le pain vivant » dit Jésus, le pain que je donnerai, c’est ma chair, c’est moi, c’est ma personne, pour la vie du monde. » La nourriture que nous donne Jésus, c’est ce qu’il est. En prenant cette nourriture, nous devenons un peu lui. Nous devenons ce que nous recevons. Nous devenons plus aimants, plus fraternels, plus donnants, plus faiseurs de bien et de paix, nous devenons plus Amour si nous nous nourrissons de Dieu qui est Amour.
Nous aussi, nous sommes nourriture les uns pour els autres. C’est bien de donner un morceau de pain, c’est important de donner ce que nous sommes. Cela aussi nourrit. « Prenez et mangez en tous » nous dit Jésus à chaque Eucharistie. Cette nourriture qu’est le Christ, dans le don de sa vie et de l’Amour, est une énergie intérieure qui n’est pas réservée aux saints ni aux parfaits. Ce n’est pas un bon point ou une image parce que l’on a été bien sage comme à l’école. La nourriture que nous offre le Christ, c’est ce qu’il est : une puissance de vie, de résurrection, d’amour. Comme la manne, que Dieu a donnée à son peuple pour marcher au travers du désert (1ère lecture), Jésus se fait nourriture pour nous, pour marcher à travers nos déserts. Quelqu’un disait au Saint curé d’Ars : « Suis-je digne de communier ? » Le Saint curé a répondu : « Vous n’en êtes pas dignes mais vous en avez besoin. Personne n’en est digne, nous avons besoin de nous laisser nourrir de l’amour, de la vie même de Dieu pour être à notre tour un pain nourrissant. Nous venons communier en tendant la main, ou la langue, comme des pauvres qui ont faim et qui tendent aussi l’oreille à la Parole nourrissante de Dieu. Celui qui se nourrit de moi, dit Jésus demeure en moi et moi, je demeure ne lui, il aura la vie et l’amour en lui, pour être, à son tour, un pain nourrissant.

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