mercredi 14 juin 2017

Homélie du Dimanche de la Trinité — Année A



Homélie du Dimanche de la Trinité — Année A
Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Je n’ai jamais été très fort pour les maths ! Quand, au catéchisme, Monsieur le Curé essayait d’expliquer la Sainte Trinité : 1+1+1, ça fait 1 et ça fait 3, ce n’était pas facile. Comme on dit, « les chiffres sont les chiffres ! » 3 fois 1, ça ne fait pas 1 et 1 n’est pas 3… dans notre logique !

            La fête de la Saint Trinité, que nous célébrons ce dimanche, n’est pas un problème de math. « Quand on aime, on ne compte pas ! » Or, il s’agit justement d’aimer, c’est l’identité de Dieu et notre identité, nous sommes faits à sa ressemblance. Nos calculettes ne nous sont pas d’un grand secours. En revanche, seul notre coeur peut avoir accès à un petit peu de compréhension de la Sainte Trinité. C’est une manière de dire comme Saint Jean : « Dieu est Amour » (1Jn4,8).


            Sainte Bernadette de Lourdes avait du mal à retenir les réponses du catéchisme. À la question « Qu’est-ce que Dieu ? », elle répondait : « C’est quelqu’un qui nous aime. » Si Dieu nous aime, s’il est Amour et il n’est qu’Amour, alors il ne peut pas être seul. Il est l’unique, mais il n’est pas seul en lui-même. Dans une relation d’amour, il faut être au moins deux. N’aimer que soi-même n’est pas l’amour. Dieu n’est pas « le grand solitaire des mondes », comme disait Voltaire. Dieu est famille, relation, communication, communion. Il « a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique » pour que nous ne perdions pas la trajectoire de notre destinée. Nous en faisons l’expérience, que nous soyons marié, parent, célibataire, religieuse, prêtre : aimer, c’est se donner, c’est le pain quotidien de celui qui aime, le pain qui nourrit, le pain qui se partage, le pain qui se gagne et se donne. C’est l’être même de Dieu, son identité, sa raison d’être si l’on peut dire. La raison d’être de Dieu, c’est d’aimer, de se donner, de donner. C’est ce qu’il est : Dieu est Amour, il n’est qu’Amour.

            Pour aimer, donner, recevoir, il faut être plusieurs. « Dieu a tellement aimé le monde, nous dit l’évangile, qu’il donné son Fils », Jésus, qui est allé jusqu’au bout du don, de l’Amour, parce qu’il aime son Père et ses frères. Ce courant d’amour à haute tension s’appelle l’ESprit Saint. C’est lui qui nous fournit ce courant pour aimer à notre tour, à la manière de Dieu et du Christ. Nous sommes faits à la ressemblance du Dieu Trinité : relations, communication, communion, dans la diversité de ce que nous sommes. En Dieu Trinité, il y a à la fois différence et communion. Nous aussi sommes différents, mais appelés à être ensemble, en relation. L’amour, c’est quand la différence ne sépare plus. Différents, pas séparés, unis. Nous sommes faits à la ressemblance de Dieu. Notre orientation de vie et notre témoignage ne peuvent être qu’aimer. « Nous sommes appelés, dit le Pape François, à vivre non pas les uns sans les autres, ou les uns contre les autres, mais les uns avec les autres, les uns pour les autres. » Il ne s’agit pas là d’une question de morale ou d’organisation sociale, c’est une conséquence vitale de ce que nous sommes : nous sommes l’habitation de la Trinité : « Si quelqu’un m’aime nous viendrons chez lui et nous ferons chez lui notre demeure. » (Jn14,23). C’est ce que nous rappelons chaque fois que nous faisons le signe de la croix, le signe de Dieu, notre signe. Ce geste prend tout notre être dans une dimension verticale qui nous relie à Dieu et à la terre, où nous avons les pieds - si on ne touche pas nos pieds en faisant le signe de croix, c’est par difficulté à se baisser -, et dans une dimension horizontale, qui nous relie aux autres. Ces deux mouvements se croisent au centre, au coeur, au coeur de Dieu, à notre coeur, où se rejoignent, se nourrissent et repartent, l’amour de Dieu et l’amour des autres.

            Nous sommes baptisés, confirmés, pardonnés, mariés, ordonnés, nous participons à l’Eucharistie, malades nous sommes marqués de l’huile. Nous commençons notre prière, nous nous signons en entrant dans une église, nous bénissons un défunt, etc… au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Dieu est Amour.

            Saint Augustin disait : « Quand tu vois la charité, tu vois la Trinité ! » ( La Trinité, VIII,8,12)
            La Trinité n’est pas un problème de maths, elle est à vivre dans nos vies.

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