dimanche 8 octobre 2017

Homélie du 27e dimanche À



 Homélie du 27e dimanche À
Carmel de Saint-Maur—Père Maurice Boisson

Les vendanges sont habituellement un temps joyeux, festif, convivial, bien que ce ne soit pas de tout repos ! Ce n'est pas le cas dans cette scène racontée par Jésus dans cet Évangile.

Ce sont des vendanges plutôt violentes et même sanglantes… Les ouvriers à qui le propriétaire a confié sa vigne, se sont accaparés la vigne. Non seulement , ils ont refusé de lui donner la production de la vigne, mais ils ont tué les envoyés du propriétaire, venus chercher la vendange. Ils ont tué son propre fils, l'héritier, pour avoir l'héritage. L'accaparement engendre la violence sous toutes ses formes - en nous-mêmes, dans la vie sociale, et bien sûr dans les relations internationales. C'est l'expérience de chaque jour. Vouloir s'accaparer. Non seulement des biens matériels, mais le pouvoir, les premières places, les honneurs, la vérité, l'autre… etc. Accaparer ne peut qu'engendrer la violence et la violence est source de beaucoup de maux.

Nous, l'Humanité, nous sommes la vigne que Dieu a planté avec beaucoup de soin, c'est la première lecture. Il la soigne, en prend soin. La vigne est la plantation qui sans doute, demande le plus d'attention, de travail et de soins, même si aujourd'hui, il y a des machines. Les machines ne remplace pas l’œil et la main avisés du vigneron et son amour de la vigne.


Cette vigne c'est le monde, la vie. Elle nous est confiée pour que nous lui fassions porter de beaux raisins qui en feront un bon cru… De bonté, de fraternité, de justice, de paix… Un bon bouquet, ce parfum d'Évangile qui rend la vie plus agréable.

Cette vigne, Dieu nous la confie en gérance. À son retour, il voudrait récupérer la production de sa vigne, en rémunérant ses ouvriers bien sûr, mais ceux-ci se sont accaparés la vigne. Ils en ont fait leur propriété, jusqu'à tuer l'héritier pour avoir l'héritage. L'héritier, c'est Jésus bien sûr.

L'accaparement fait son œuvre. Une œuvre de violence, de mort. Nous ne sommes pas propriétaires de ce que Dieu nous confie. Nous avons des comptes à lui rendre sur la façon dont nous soignons et faisons fructifier ce qui nous est confié : nous-mêmes, nos proches, notre prochain, notre monde… S’accaparer, c'est prendre pour soi ce qui est à tous. C'est devenir propriétaire de ce qui ne nous appartient pas, mais dont nous avons à prendre soin pour que cela serve à tous : la Création, « la maison commune » (selon l’expression du Pape François dans Laudato Si), la vie, la dignité humaine, l'être humain le plus fragile.
Accaparer la religion peut être aussi source de violence. Personne, hormis Dieu, n'est propriétaire de la vigne de Dieu et ne peut se l'accaparer pour la traiter à sa guise ou selon ses intérêts. Ni les pouvoirs politiques, économiques, sociaux, religieux, culturels, ne peuvent s'accaparer les biens de l'humanité, de la Création, de la vigne de Dieu. Ils sont au service de cette vigne pour qu'elle produise de bons fruits qui servent à tous. Dans notre société, des idées circulent faisant croire qu'en se débarrassant de Dieu - le propriétaire de la vigne - qui serait gênant, la vigne nous appartiendrait pour en faire ce que l’on voudrait et ce que dicteraient certains intérêts ou pressions.

Cette tentation de l'accaparement qui est au cœur de l'Évangile de ce dimanche, nous guette aussi dans notre vie quotidienne. Elle est une source de violence, « Venez, tuons-le ! », pas forcément physiquement mais…

Une parole d'un grand spirituel, le père de Lubac résume bien ce message : « On peut construire un monde sans Dieu, mais ce sera toujours contre l'homme ». Cela se vérifie, hélas !

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