lundi 2 octobre 2017

Homélie pour la fête de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face



Homélie pour la fête de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson


Qui aurait dit ?
Qu’une jeune fille, Thérèse Martin, né à Alençon il y a moins de 150 ans, serait fêtée solennellement, non seulement au Carmel, mais dans le monde entier ?

Cette jeune fille, ayant perdu sa maman à quatre ans, entre au Carmel de Lisieux à 15 ans. Là, pendant neuf ans, elle mène une vie simple, silencieuse, sans relief apparent. Touchée par la maladie, elle meurt à 24 ans. Rien, apparemment, ne laisse penser que Thérèse serait proclamée Sainte, élevée comme les plus grands théologiens au rang de Docteur de l'Église, donnée comme patronne protectrice des missions, sans avoir mis les pieds en dehors de son monastère, puis comme copatronne protectrice de la France, sans avoir mené une action sociale ou politique.
Qui aurait deviné que ce qui reste de son corps serait vénéré dans le monde entier ?

Bref, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus est une des saints les plus aimés et les plus priés.


Aujourd'hui elle n'a rien perdu de sa modernité. Elle est comme les grands Saints : toujours de plain-pied, avec tous, quelques soient les époques, parce que de plain-pied avec Dieu, de plain-pied avec le cœur humain et le sens de l'existence. C'est dans la profondeur de ce qu'on est que l’on peut se rejoindre et atteindre une source.

La renommée et la célébrité de la petite Thérèse ne reposent pas sur ce qu'elle a fait, - de grandes œuvres, visibles, admirables - mais uniquement sur ce qu'elle a été.
Il y a un invisible en chacun qui émane de notre cœur, de ce que nous sommes, des vraies questions, des vraies valeurs qui nous font vivre : quels sont les vrais repères qui nous font vivre, aimer, espérer… C'est le rayonnement de Thérèse, apparemment invisible, inutile même aux yeux de certains. L'efficacité ne se réduit pas à la rentabilité, visible et palpable. En parlant de votre mission, mes Sœurs, ici au Carmel, j’entends parfois : « Oui, mais les Sœurs seraient bien plus utiles, si elles étaient dehors, à s'occuper des malades, des pauvres, des gens qui sont dans le besoin… » Je réponds souvent : « Elles passent leur temps à ça, elles se donnent à fond pour ça, en offrant leur vie, leur prière, pour un essentiel, invisible souvent, mais réel et vrai. » Les besoins du monde ne sont pas seulement d’ordre matériel. Il y a un besoin de sens et les Sœurs en témoignent.

Qui aurait présumé de l'influence et des grâces reçues grâce à Thérèse, silencieuse dans son monastère. C'est impressionnant et étonnant de lire ces innombrables témoignages des hommes affrontés à la guerre de 14–18 et la confiance simple, du cœur, envers Sainte Thérèse.
Elle fut l'une de ces petits dont parle Jésus dans l'Évangile que nous venons d'entendre. « Père, ce que tu as caché à ceux qui savent, tu l'as révélé aux petits », à ceux qui laissent en eux-mêmes une place à autre qu’eux-mêmes, autre que l'apparence, le visible, les théories, les logiques de pouvoir, d’avoir, de savoir. Tu révèles aux petits, à ceux qui font confiance à une énergie invisible au travail dans le cœur humain, à eux tu révèles le secret de la vie, de l'existence, des relations, des traversées des épreuves. Ce secret c'est quelqu'un, nommé dans la deuxième lecture.

Dieu est Amour. C'est le secret de Thérèse : il ne s'agit pas seulement d'aimer, ça ne veut pas toujours dire grand-chose, mais il s’agit d'être Amour. On témoigne par ce que l’on est et par ce que l’on est ensemble. C'est la mission non seulement de la vie religieuse, en particulier contemplative, mais de tout chrétien. Le Pape François, s’adressant aux religieuses contemplatives, a cette belle comparaison, beau programme pour nous aussi : « Comme le marin en haute-mer a besoin du phare qui montre le chemin pour rejoindre le port, ainsi le monde a besoin de vous. » (Constitution Apostolique « Vultum Dei Quaerere » numéro 6) Soyez phares, soyons phares par ce que nous sommes.

Que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et du visage du Christ nous aide, quelle que soit notre vocation, à chercher, comme elle, à être Amour. Dieu est Amour.

« Celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (deuxième lecture)

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