dimanche 17 décembre 2017

Homélie du 3ème dimanche de l’Avent- Année B



Homélie du 3ème dimanche de l’Avent- Année B

Carmel de Saint-Maur — Père Maurice Boisson

            Dix fois, au moins, dans cette messe, il est question de la joie, d’être joyeux, de nous réjouir ! Dès les premiers mots d’entrée : « Soyez dans la joie, toujours dans la joie ! », suivis de la prière d’ouverture : « Dirige notre joie vers la venue de ton Fils ». La première lecture et le chant du Magnificat, qui en est l’écho, sont comme l’hymne à la joie de la présence et de l’action de Dieu dans nos vies et dans l’histoire. Et Saint Paul ajoute dans la 2ème lecture : « Frères et soeurs, soyez toujours dans la joie ! ».
            Dans l’Evangile, Jean-Baptiste est moins disert, il annonce la joie discrète d’une présence : « Au milieu de nous se tient celui dont vous n’avez pas idée. » Ce n’est pas tout : le chant de la Préface nous laisse déjà entrevoir la joie de Noël et la bénédiction finale nous invitera à rendre joyeuse notre espérance…


            Eh oui, c’est comme la chanson de Charles Trenet : « Y’a d’la joie ! », au moins dans la liturgie de ce dimanche. Elle est d’ailleurs traduite par le rose de la chasuble que je porte aujourd’hui. Il ne s’agit pas d’un caprice du célébrant mais d’une proposition liturgique que l’on retrouve également pendant le Carême. Avent et Carême, des temps de pénitence et d’attente, au milieu desquels, deux dimanches nous invitent à la joie (ce dimanche dit du « Gaudete » (Réjouissez-vous !) et le 4éme dimanche de Carême  dit du « Laetare » (Réjouis-toi !)
           
            Mais, c’est facile à dire ou à chanter. Quand le coeur est lourd, quand l’épreuve s’abat et abat, quand le moral en prend un coup, quand les volets de notre coeur se ferment, on entend alors une autre chanson, comme un murmure, en mode mineur : « C’est pas la joie… »

            La Parole de Dieu, nous invitant à être joyeux, ne fait pas pour autant de nous des naïfs décalés de la vie, sur un petit nuage, planant au-dessus des difficultés et des tristesses de nos frères et soeurs, de nos propres tristesses. Nous pensons, bien sûr, aux familles et aux proches des jeunes victimes de l’accident de Millas, comme à nos proches et nos amis, dans l’épreuve, à qui il serait pour le moins déplacé de dire, la bouche en coeur : « Soyez dans la joie, réjouissez-vous ! »

            Pourtant, comme le disait notre ami, le cher Père Daloz : « Si la Parole de Dieu n’a rien à nous dire, parce qu’elle est trop difficile ou déconnectée de nos vies selon nous, alors, arrachons la page ! » Mais il risque alors de ne plus rester beaucoup de pages à l’Évangile !

            Oui, soyons dans la joie ! N’arrachons pas la page et ne nous contentons pas non plus de la lire comme « une parole du dimanche » sans impact sur la vie réelle.
            La joie est comme une parcelle de Dieu au fond de nous-mêmes. Elle n’est pas une démonstration bruyante - bien qu’elle puisse s’exprimer ainsi à certains moments. Elle est plutôt comme un secret que l’on a dans le coeur, quelque chose de précieux, dont on vit, qu’on laisse deviner. Quelque chose qui se communique davantage qu’elle ne s’explique par des théories, fussent-elles spirituelles. Il s’agit d’un regard, un geste, une parole, un silence, un sourire … un parfum du coeur.
            L’origine de ce secret vient du Christ : « Je suis doux et humble de coeur » (Mt11, 29). Et on ne peut pas L’accuser de n’avoir pas fait l’expérience de la souffrance et du mal. Le secret ? Il est à la fois simple et difficile : c’est l’Amour, l’Amour qui aura raison du mal dans et après les traversées des chemins de tristesse dont nous parle Jean-Baptiste.

            « Que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite »  dit Jésus (Jn15,11). Joie profonde, intérieure, au-dedans même de toute blessure. Joie que personne ne pourra nous ôter, car elle colle à notre peau, à notre être et qui nous sauvera.
            Ce don et cette présence sont comme des caresses intérieures de Dieu, par le Christ, même dans nos pires soucis. Ce souffle léger qui a le toupet de se glisser sous la porte que notre tristesse vient de fermer. Ainsi peut être la joie intérieure, secret, douceur et brise légère de Dieu, à demander et à accueillir dans les brutalités qui peuvent semer les ténèbres et la tristesse en nos vies.

            Seigneur, ne nous laisse pas entrer dans la tentation de l’épreuve, de la non-confiance qui conduit à la tristesse et au découragement. Donne-nous aujourd’hui cette part de joie et de paix intérieures dont nous avons besoin.

            Non, ne fermons pas notre coeur au message de ce dimanche. N’arrachons pas ces pages de la Parole de Dieu qui nous invitent à accueillir en nous ce don du Christ : une joie et une paix au plus profond de nous-mêmes, don d’être aimés pour aimer à notre tour.
            Nous aurions tant de raisons d’effacer ce message d’espérance, qui pourtant nous est chevillé au coeur. « Personne ne pourra vous l’ôter ».

« Jésus, que ma joie demeure ! »
Jésus, que notre joie demeure  !
Amen

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